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#3- Que faire si j’ai des mycotoxines dans mon maïs ?

Actualité02/11/2023Nutrition, Fourrages, Santé animaleBovins lait

Les conditions météorologiques de cette année ont été plus propices au développement des mycotoxines dans les ensilages de maïs. En cas de suspicion des analyses peuvent confirmer leur présence. Les moyens d’actions sont la dilution des fourrages moyennement contaminés, la distribution de capteurs, de fixateurs ou de produits détoxifiants. Le choix de la stratégie dépend des mycotoxines mises en évidence et de leurs concentrations.

Les mycotoxines font partie des facteurs de risques explorés en élevage bovin laitier pour expliquer des problèmes de santé et de production. Elles sont le plus souvent recherchées dans des élevages où l’on observe déjà des problèmes. Les fourrages, dont le maïs, sont parfois vecteurs de mycotoxines qui se sont développées lors de la culture et peuvent se concentrer dans la ration.
Les effets des mycotoxines sur les vaches laitières ont été présentés dans un article précédent : https://www.littoral-normand.fr/actualites/detail-actualite/2-mycotoxines-leur-impact-sur-les-vaches-laitieres.html.

Premiers résultats 2023 

Dans le cadre de l’observatoire des mycotoxines, des analyses ont été réalisées à la récolte dans 32 élevages. Les 16 premiers résultats indiquent des contaminations plus importantes qu’en 2022 principalement en DON et en Zéaralénone (Tableau 1).
 
Des seuils de risques zootechniques de concentration en mycotoxines des fourrages sont proposés par l’Observatoire des Mycotoxines (Tableau 2).

 

Que faire en cas de contamination des fourrages en mycotoxines ?

D’une manière générale, en cas de risque de présence de mycotoxines, il est préférable de sécuriser les rations vis-à-vis de la sub-acidose afin de maximiser les chances de détoxification par les bactéries du rumen. Il convient donc de veiller au bon équilibre de la ration, à des apports de fibres suffisants et à limiter le taux d’amidon.
Si les quantités de fourrages contaminés ne sont pas très importantes et qu’il existe d’autres stocks de fourrages non contaminés à distribuer aux vaches laitières, il peut être envisageable de distribuer les fourrages contaminés à des animaux à moindre risques. Les génisses ont des vitesses de transit moins rapides. Les micro-organismes du rumen ont plus le temps d’assurer une détoxification.
Pour les vaches laitières ce qui va être impactant c’est la quantité totale de mycotoxines ingérées. Si le fourrage est modérément contaminé, il est possible de le diluer avec un fourrage sain ou moins contaminé. Afin de déterminer si la ration complète est à risque, l’observatoire des mycotoxines propose l’application Mycorisk :  https://www.observatoire-mycotoxines.com/mycorisk/
En renseignant les résultats de l’analyse et la composition de la ration, l’application précise si dans la ration totale la dilution est suffisante pour réduire les risques.

 

Quels additifs peut-on utiliser ?

Si la dilution n’est pas suffisante pour atténuer les risques, il est possible d’utiliser des additifs pour capter, fixer ou détoxifier les mycotoxines. Le choix de ces solutions dépend du type de mycotoxines mises en évidence et de leur concentration.
Il existe trois stratégies pour lutter contre les mycotoxines que l’on retrouve dans les capteurs du marché :
    o Des argiles et des parois de levures pour l’adsorption (capteurs/fixateurs qui vont se lier avec certaines mycotoxines puis éliminées par les fèces). L’argile bentonite et la montmorillonite ont des espaces entre feuillets larges qui permettent de fixer et inactiver certaines mycotoxines (aflatoxines et alcaloïde d’ergot notamment). Du fait de la surface d’absorption limitée des argiles elles n’ont que très peu d’effet sur la DON et Zéaralénone.
    o Des enzymes ou des micro-organismes pour la biotransformation qui éliminent la toxicité des mycotoxines en les dénaturant. Elles sont plus efficaces sur les ZEA et les Ochra.
    o Des extraits d’algues qui lorsqu’elles sont associées aux argiles ont pour objectif d’augmenter la surface d’absorption des argiles en vue de capter les DON et les ZEA.
    o Des détoxifiants et des hépato-protecteurs peuvent être utilisés pour lutter contre les effets des DON.
Les charbons actifs sont efficaces sur toutes les mycotoxines lorsqu’ils sont distribués à forte dose, mais ils sont aussi efficaces pour capter les grosses molécules comme les vitamines. Il est de ce fait déconseillé de les distribuer sur une longue période.
En cas de suspicion de présence de mycotoxines, il est préférable de sécuriser la ration et de réaliser des analyses des fourrages plutôt que de mettre en place en préventif des moyens de lutte parfois onéreux. Lorsque la contamination est avérée, des moyens de lutte ciblés existent, même s’ils ne permettent pas toujours de corriger les effets de très fortes contaminations.

 

Observatoire des mycotoxines

Un observatoire a été créé en 2018 qui rassemble différents partenaires concernés par les mycotoxines : entreprises de conseil en élevage, laboratoire d’analyse, fabricants d’anti-mycotoxines, semenciers, fabricants d’aliments, firme service  : https://www.observatoire-mycotoxines.com/. Ses objectifs sont de créer une cartographie annuelle des teneurs en mycotoxines et d’identifier, au travers d’éléments complémentaires sur les élevages, des facteurs de risques de leur apparition au champ, ou de leurs impacts sur les performances zootechniques.
Littoral Normand s’associe à cet observatoire et vous permet de bénéficier de conditions préférentielles pour réaliser des analyses.

Si vous êtes intéressé, contactez : votre conseiller ou le service client au 02 31 46 84 09.

Etienne DOLIGEZ
Directeur Technique Adjoint

 

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#1- Mycotoxines, les causes de leur développement

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