Après un mois de février sec, les pluies de mars ont atteint des niveaux relativement hauts par endroit, ce qui a parfois rendu la gestion du pâturage un peu plus complexe. Les éleveurs ont dû jongler avec la météo et quelques journées très pluvieuses. La portance des sols, très correcte en février, a été fortement réduite en mars. Malgré un stock sur pied important, les parcelles habituellement humides ou hydromorphes n’étaient plus accessibles sans risque de détérioration.
Différentes stratégies ont été observées : retour des animaux en stabulation pour ceux qui étaient sortis, retard de la mise à l’herbe pour d’autres ou maintien du pâturage sur les parcelles « saines » en adaptant la ration à l’auge et le temps de pâturage pour gérer la vitesse de rotation.
Les mesures d’herbe montrent que le déprimage n’a pas toujours permis d’atteindre les hauteurs de sortie permettant de favoriser le tallage des plantes. Les gaines des graminées risquent de monter rapidement dans certaines parcelles, rendant le pâturage compliqué. Le recours à la fauche rétablira en partie la situation dans ces parcelles. D’ailleurs, quelques courts créneaux de fauche étaient disponibles début avril. Une partie des éleveurs en ont profité pour faucher leurs dérobées et quelques prairies temporaires. Il était temps puisque la qualité des dérobées commençait à se dégrader.
Témoignage de l’EARL de Poret, Mantilly (61). Elevage de 60 vaches laitières normandes
La mise à l’herbe a eu lieu au 9 février, soit un mois avant le début des mesures sur le site. C’est 10 à 15 jours d’avance par rapport aux années précédentes. Le premier passage s’est fait dans de bonnes conditions et tôt en saison. Les parcelles ont été bien pâturées avec des hauteurs de sortie autour de 4-4,5 cm. Seules deux parcelles hydromorphes n’étaient pas suffisamment ressuyées pour permettre le passage des vaches avant l’arrivée de la pluie. Ces parcelles sont maintenant trop avancées pour la pâture (> 13 cm) et toujours trop humides (eau présente en surface). Elles seront donc récoltées en foin quand les conditions météo et la portance le permettront.
Le deuxième passage est nettement plus compliqué suite à la pluviométrie importante de mars. Certaines parcelles, bonnes à pâturer, sont inaccessibles aux vaches laitières (portance insuffisante et/ou accès compliqué). Par conséquent, le troupeau stationne sur les parcelles les plus portantes. Pour l’instant, la ration à l’auge a été maintenue à un niveau assez haut avec de l’ensilage de maïs (10-11 kg MS/VL) et d’ensilage d’herbe (1,4 kg MS/VL). Cela laisse le temps aux autres parcelles pour repousser. La quantité à l’auge va diminuer à partir de cette semaine. La croissance est restée à un niveau correct, malgré les quelques gelées en début de semaine.
Au final, le pâturage est parfois hétérogène, malgré la conduite au fil. Dans l’ensemble, les hauteurs de sortie restent malgré tout correctes. Mais une parcelle est trop haute après le passage du troupeau (hauteur de sortie à 7 cm). Elle sera à faucher rapidement dans les prochains mois.
La semaine prochaine, un sursemis de RGA et de TB est prévu sur deux demi-parcelles car certaines zones sont très abîmées. Elles ont été pâturées par les vaches cette semaine. Un sursemis ou un renouvellement complet d’une autre parcelle est à l’étude car elle est très peu productive (implantation difficile depuis le semis fin 2020).
Emilie TURMEAU - ELVUP
