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Le fourchet ou dermatite interdigitée

Actualité07/09/2022Santé animaleBovins lait, Bovins viande

Il s’agit d’une boiterie d’apparition progressive commençant par un piétinement plutôt qu’une boiterie franche (boiterie légère) : des soins locaux suffisent généralement à sa maîtrise.

 

 

 

De quoi parle-t-on ?

Le fourchet ou dermatite interdigitée est une inflammation superficielle et contagieuse de l’épiderme de la peau interdigitale (à la jonction entre la peau du talon et la sole du sabot), qui peut s’étendre à la corne du talon, mais sans extension aux tissus profonds s’il est géré à temps. Il s’agit en fait d’une érosion de la corne du talon.

La douleur est modérée, sans fièvre. La vache cherche à soulager l’appui en talon. A la levée du pied, on constate une usure du talon - corne érodée, fissurée, décollée, noirâtre - et la formation de sillons noirs typiques en forme de V plus ou moins profonds.

Les bactéries en cause sont Dichelobacter nodosus et Fusobacterium necrophorum ; cette dernière étant une bactérie habituelle du tube digestif des bovins, donc présente dans l’environnement de ces derniers.

C’est une pathologiemultifactorielle favorisée par l’humidité, le défaut d’hygiène, l’agression des bétons ou l’inconfort du logement, des défauts d’aplombs, notamment du fait d’un parage trop tardif, et des déséquilibres alimentaires.

Elle peut se compliquer de lésions plus graves :  bleime, ulcère, cerise et limace.

 

Essentiellement du parage !

S’agissant de boiterie, agir vite augmente les chances de guérison et évite des complications.

L’essentiel de la gestion du fourchet consiste en un parage fonctionnel pour ôter toute la corne noire et décollée, et rétablir l’équilibre des charges sur chaque onglon. Il faut veiller à ne pas trop diminuer la hauteur du talon sous peine de basculement du pied et d’un report de charge vers l’arrière. Une désinfectionlocale est généralement effectuée une fois la corne saine retrouvée. Le recours à une antibiothérapie par voie générale n’apporte rien sur les stades de fourchet pris à temps !Dans tous les cas, suivez les conseils de votre vétérinaire traitant ayant pris en charge l’animal boiteux.

La gestion préventive au niveau d’un troupeau concerné par cette pathologie peut nécessiter le passage régulier des animaux dans un pédiluve, l’objectif étant de limiter, par la désinfection, les nouveaux cas et l’aggravation des cas présents.

 

Quels sont les moyens de prévention ?

La prévention nécessite un parage fonctionnel régulier du troupeau et la lutte contre les facteurs de risque :

            # ceux liés au bâtiment et parcours

                    - l’hygiène du logement : sol propre et sec, passage du racleur fréquent, paillage suffisant de l’aire paillée ou des logettes.

                   - la lutte contre un excès d’humidité : défaut de ventilation, sources d’humidité dans le bâtiment (tour d’abreuvoir, défaut de pente des aires d’exercice) ou au pâturage (tours d’abreuvoir boueux, accès aux mares, ruisseaux…).          

                    - éviter les reports de charge excessifs ou longs sur les postérieurs (marches, attente longue en salle de traite ou au cornadis).

                    - neutraliser les bétons neufs.

          # ceux liés à l’alimentation

                    - ration équilibrée, non acidogène.

                    - transitions alimentaires « en souplesse ».

                    - apports suffisants de minéraux, oligo-éléments et vitamine A.

 

Une pathologie du pied fréquente, sans grave conséquence si le parage est régulier.

 

Jean-Michel CUMINET

Vétérinaire Conseil - Littoral Normand

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