Cet article s'emploie à détailler les avantages techniques du vêlage précoce des génisses
L'élevage des génisses requiert beaucoup de technicité et une attention de tous les jours. La croissance doit être soutenue jusqu’à 6 mois d’âge car tout retard de croissance durant cette phase est non rattrapable. Ensuite la croissance se pilote en fonction de l’âge souhaité au premier vêlage. Les objectifs sont toujours d'obtenir une future vache laitière avec un bon potentiel de production, capable de bien se reproduire et avec une bonne longévité.
Tout au long de cet article, des comparaisons seront faites entre le vêlage précoce (VP) et le vêlage tardif (VT)
Des craintes non justifiées !
Un vêlage précoce n'a pas d'impact sur les performances zootechniques de la future carrière. Les génisses qui vêlent précocement sont capables de réaliser leur première lactation tout en finissant leur croissance, font finalement plus de lait par jour de vie, n’ont pas un vêlage plus difficile, ni de mauvaises réussites de reproduction (en tant que génisses puis vaches laitières), n’ont pas un taux cellulaire plus élevé et ne sont pas reformées plus rapidement (au contraire !). Différentes études confirment ces éléments.
De nombreux avantages techniques
1- Augmentation de la part de vie productive
Cette augmentation découle automatiquement de l’arrivée en production précoce et d’une longévité un peu augmentée. Ce critère "part de vie productive" est un indicateur que l’éleveur doit connaitre et piloter : un objectif de minimum 50 % de la vie en production est un juste retour sur l’investissement de la phase d’élevage d’une génisse.Une génisse qui vêle à 24 mois a remboursé son coût d’élevage et devient rentable vers 38 mois (Source : Déborah SANTSCHI « Conférence génisse » Le Mans 2019). Il est fréquent d’atteindre 55 % de vie productive en VP contre seulement 45 % en VT.
2- Une longévité souvent augmentée
Des études ont montré qu’à partir de la 3ème lactation, les génisses à VT sont réformées plus rapidement que les génisses à VP. Ce constat est toutefois à pondérer en fonction de la politique de réforme de chaque exploitation (pour motifs variés).
3- Plus de production sur la carrière : plus de lait par jour de vie !
- Certes, les génisses vêlant jeunes produisent un peu moins de lait en lactation 1 car elles terminent leur croissance. A l’inverse, les génisses vêlant plus tardivement ont une capacité d’ingestion supérieure et ainsi une production augmentée de l’ordre de 200 à 300 kg en lactation 1.
- Toutefois, toutes les études convergent sur le fait que les génisses en VP produisent plus de lait sur leur carrière ; donc plus de lait par jour de vie. C’est le critère d’objectivité de la « rentabilité » d’une vache laitière.
Explication : les productions en L2 et L3 sont similaires quel que soit l’âge au vêlage. Mais la rentrée en production précoce et la part augmentée de vie en production expliquent la « 1ère place du podium » pour les VP. De plus la production en L1 corrigée du poids vif est meilleure.
Une publication récente des résultats de la Ferme Expérimentale des Trinottières corrobore à nouveau ce constat : une augmentation de plus de 2 kg de lait/jour de vie entre VP et VT.
Le retour sur investissement de la génisse laitière est donc plus important en VP.
4- De bons résultats de reproduction et moins de troubles sanitaires au vêlage
Notamment une puberté plus précoce (car celle-ci dépend du poids atteint et non pas de l’âge : elle survient à environ 55% du poids adulte atteint), une fécondité non dégradée potentiellement par un engraissement avant insémination. Vêler plus jeune permet également de limiter les complications au vêlage (par excès d’état corporel) et les troubles métaboliques après vêlage : non délivrance puis métrite, cétose, œdème mammaire.
5- Bénéficier plus rapidement du progrès génétique
Les génisses arrivent ainsi plus vite dans le troupeau., les générations sont plus vite renouvelées, donc le bénéfice du progrès génétique intervient plus rapidement.
L’argument écologique : un vêlage précoce pour un meilleur bilan carbone
L’empreinte « carbone » et les émissions de gaz à effet de serre sont devenues des préoccupations omniprésentes dans l’actualité de nos élevages. Passer d’un VT à un VP, c’est moins de génisses élevées pour le même taux de renouvellement, donc mathématiquement une diminution de 53 unités d’azote par génisse.
Votre conseiller d’élevage et l’équipe de conseillers spécialisés « génisse » de Littoral-Normand peuvent vous aider à piloter au mieux votre atelier de renouvellement.
Jean-Michel CUMINET
Vétérinaire Conseil - Référent génisses
