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Ils produisent leur propre semence de luzerne

Témoignage21/07/2023Agriculture Biologique, Fourrages, Nutrition, PrairiesBovins lait, Bovins viande

Félix et Josselin PESCHET, gèrent en commun un atelier laitier et une activité « paysan boulanger » avec des céréales autoproduites et transformées à la ferme.

C’est en 2021 que l’idée a germé : des stocks fourragers importants, une parcelle de luzerne déjà bien fleurie et une moissonneuse à disposition les ont décidés à franchir le pas de la récolte de semence fourragère.

Félix, nous sommes devant la parcelle de luzerne destinée à la moisson cette année. Quand prévois-tu la récolte ?

La parcelle a été ensilée le 30 mai, c’est-à-dire il y a 45 jours aujourd’hui. La luzerne a commencé à fleurir depuis un peu plus d’une semaine. On va la laisser continuer à fleurir en juillet et août pour la moissonner première quinzaine de septembre.

Peux-tu décrire le chantier de récolte ?

Quand la météo annonce une bonne fenêtre en septembre, on fauche la luzerne au moins 5 à 6 jours avant avec notre faucheuse frontale, ce qui fait un andain d’à peine 3 m de large. La fauche en andain est indispensable pour amener l’ensemble à maturité. On reprend l’andain dans le sens inverse de la fauche pour faciliter la montée de la luzerne dans le convoyeur de la moissonneuse. En 2022, les andains ont séché 8 jours au sol avant d’être moissonnés.

Avez-vous ressemé des luzernes de votre propre récolte ? Etes-vous satisfaits ?

Ça fera cette année la troisième campagne que l’on sèmera de la luzerne issue de l’exploitation. Nous sommes sur une ferme aux conditions très séchantes, sur schistes, donc acide. On mise un peu sur la capacité d’adaptation de la luzerne qui a poussé chez nous en la ressemant. Jusqu’ici, on ne récoltait que des graines issues de semences achetées. On envisage en 2024 de passer à la récolte des graines d’une luzernière provenant de notre propre récolte, toujours dans le but d’acquérir de l’adaptation à notre milieu et de la rusticité.

Petit aparté : nous avons appris récemment qu’il existait des variétés de luzerne hybride ; il faut donc bien vérifier à ne pas moissonner une variété hybride.

Comment procédez-vous pour avoir une semence propre ?

L’objectif est d’avoir au départ une parcelle à moissonner la plus propre possible. Comme tu le vois, la parcelle est belle et on ne voit quasiment pas d’adventices. Pour ne pas polluer nos parcelles, on fait une corvée d’arrachage des rumex avant la fauche. Ensuite, Je fais un triage très simple : je trie à l’aide d’un tamis de maçon, surtout pour enlever les coques de luzerne et les impuretés.

Quel est le rendement de votre récolte ?

Les producteurs de luzerne porte-graine font des rendements qui tournent autour de 500 kg/ha en conditions optimales. Chez nous, quand on atteint 100 kg/ha, c’est bien. Mais à 15 € /kg, ça peut faire un produit de 1 500 € /ha. On ne recherche pas que l’aspect économique, mais aussi le côté autonomie et, avant tout, on aimerait retrouver une luzerne rustique, avec plus de longévité. En plus du rendement en graines, nous récoltons tout de même le foin. Ça fait un foin très fibreux, que nous valorisons par les animaux à faibles besoins.

Faites-vous un test pour vérifier la faculté germinative de votre semence ?

Non, on n’a pas le temps. La récolte, qui se fait en septembre, est ressemée dans la foulée début octobre. Tout ce qu’on a récolté est semé. Cette année, nous prévoyons d’implanter 12 ha. En moissonnant 1,5 ha, on a de quoi ensemencer 5 ha grand maxi. Il faudra donc compléter par de l’achat.

 

 

 

Pascal BISSON

Consultant Nutrition en Systèmes bio et herbager

pascal.bisson@littoral-normand.fr  

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