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Comment prévenir la photosensibilisation

Actualité28/07/2023Santé animaleBovins lait, Bovins viande

Cette pathologie, au visuel souvent impressionnant, est beaucoup plus sévère qu’une simple brûlure (« coup de soleil ») résultante d’une exposition prolongée aux rayons solaires.

La photosensibilisation est une réaction d’hypersensibilité de la peau exposée au soleil à la suite de l’introduction ou de l’apparition dans l’organisme de substances photosensibilisantes ; c’est à dire des molécules qui rendent la peau hypersensible aux rayons du soleil. C’est donc une pathologie d’animaux au pâturage. On distingue deux grands types de photosensibilisation.

 

La photosensibilisation primaire

Elle est la résultante de l’ingestion d’une substance photosensibilisante, généralement d’origine alimentaire, parfois médicamenteuse, qui atteint la peau par la circulation sanguine. A titre d’exemples : certaines plantes telles que le millepertuis, le sarrasin, les trèfles, la carotte sauvage ; ou encore les antibiotiques de type sulfamides ou tétracyclines. Mais la liste est bien plus longue.

 

La photosensibilisation secondaire

C’est la plus fréquente chez les bovins. Elle est due à l’accumulation de phylloérythrine dans la peau (produit de dégradation de la chlorophylle dans le rumen). Cette substance s’accumule dans le sang, et ainsi au niveau des capillaires de la peau, du fait d’un dysfonctionnement hépatique : pathologie hépatique ou obstruction des canaux biliaires. Ces troubles hépatiques peuvent être dus à des plantes toxiques, certaines mycotoxines, des parasites (grande douve), des calculs biliaires, des infections (leptospirose, abcès hépatique, hépatite), des médicaments, etc. La photosensibilisation secondaire n’existe que chez les herbivores.

 

Des signes cliniques évocateurs

                - Des signes généraux : fièvre, anorexie, chute de production laitière, ictère.

              - Des signes cutanés : érythème et œdème du mufle, des naseaux et de toutes régions à peau fine, non pigmentée et exposée au soleil, larmoiement et écoulements nasaux. Des ulcères puis croutes se forment, les poils tombent, la peau se fissure et acquiert une consistance de parchemin.

                - Une certaine nervosité des animaux, une peur de la lumière (photophobie) et la recherche d’ombre.

 

Prise en charge de l’animal

Le premier réflexe doit être de soustraire l’animal au soleil en le rentrant à l’ombre en bâtiment. Puis après avis vétérinaire, la prise en charge du malade consiste à répéter l’application d’une solution antiseptique sur les plaies, à limiter la douleur (notamment avec des anti-inflammatoires) et à rétablir les fonctions hépatiques. Une antibiothérapie, sur prescription vétérinaire, est souvent nécessaire pour éviter les surinfections de la peau lésée. Lors de photosensibilisation secondaire, il faut aussi résoudre l’élémentà l’origine de la souffrance hépatique.

 

Le pronostic à long terme est bon dans 90 % des cas. Toutefois des cas de mortalité existent ; en relation avec la gravité de la maladie sous-jacente perturbant le foie.

 

Jean-Michel CUMINET

Vétérinaire conseil

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