Mot de passe oublié

Focus sur les indicateurs de pilotage de la Ferme BIO Littoral Normand

Actualité28/11/2022Agriculture Biologique, PrairiesBovins lait, Bovins viande

L’année 2022 a fait perdre aux éleveurs bio leurs repères et les a amenés à se questionner sur leurs pratiques. L’analyse des résultats technico-économiques des exploitations laitières bio de Littoral Normand, par comparaison 2021 et 2022 (de septembre à août), permet de retrouver des repères.

Avec l’envolée des cours des matières premières et des charges, les éleveurs ont dû s’adapter pour piloter leurs exploitations laitières. De plus, avec une température élevée et la sècheresse de l’été, il a fallu ajuster la conduite technique du troupeau.

 

Moins de vaches, moins de lait !

L’évolution la plus flagrante observée sur le panel des élevages bio de Littoral Normand concerne le nombre de vaches présentes dans les fermes. Étant donné la situation compliquée de la filière lait biologique, le prix des réformes et la crainte de stocks trop faibles, la ferme bio Littoral Normand a baissé de 6 le nombre de vaches présentes. Ceci produit une baisse de18 % de lait livré sur les périodes comparées avec une grande amplitude sur les mois d’été. L’augmentation de 25 €/1000 L du prix de lait vendu, ne permet pas de rattraper la perte de volume.

On note tout de même une grande disparité selon les exploitations laitières et les laiteries.

Peu d’augmentations sur le coût alimentaire

Ce qui est surprenant dans l’analyse des données dont nous disposons, en comparant nos 2 périodes, c’est que le coût alimentaire par vache traite n’a augmenté que de 6 €/1000 L. Dans l’étude de ce coût alimentaire, c’est la partie fourrages qui a le plus d’impact, à cause des conséquences de l’augmentation du cours du pétrole sur le carburant et sur le prix d’achat des bâches.

Si nous comparons les deux campagnes de pâturage jusqu’au mois d’août, 2021 et 2022, la part de pâturage a baissé en raison des conditions météo très contrastées des deux années, et les éleveurs ont été contraints de distribuer plus de fourrages conservés dans les rations pour nourrir les animaux. En ce qui concerne le coût de concentrés, l’écart entre les 2 périodes est seulement de 2 €/1000 L, ce qui est insignifiant.

Cette donnée trouve son explication dans le fait que la plupart des élevages biologiques analysés produisent eux-mêmes les concentrés fermiers (typiquement les méteils grain ou le maïs) et ils ne subissent donc que peu l’envolée des matières premières.

Pour rappel, l’alimentation des vaches est un jeu d’énergie et d’azote. En fonction des fourrages apportés à l’auge, il faut complémenter les rations pour ne pas carencer les animaux. Pour cette raison il est important de réaliser une analyse des fourrages, qui permet de les caractériser et les combiner, entre eux et avec les concentrés, pour obtenir une ration optimale avec les aliments présents sur la ferme. Les résultats de ces analyses sont aussi le moyen par excellence de se rassurer, ou se remettre en cause, quant aux pratiques de fauche et de récolte (stade, fibrosité, digestibilité, taux matière sèche, valeurs UF et MAT).

L’importance de piloter avec les marges

Ce qu’il faut retenir dans cette conjoncture flambante, c’est le repère Marge sur Coût Alimentaire (produits - charges). Il reste le critère le plus pertinent pour piloter la conduite d’un troupeau laitier quel que soit le système.

La comparaison des données entre 2021 et 2022 (septembre/août) montre que la Marge sur Coût Alimentaire ramenée aux 1000 L ou à la vache traite s’est améliorée. Cependant, le produit laits’est détérioré de 16 000 € principalement à cause de la baisse de production. Mais restons optimistes sur les produits : la viande ne s’est jamais vendue aussi chère, ce qui peut ramener du produit en plus sur l’exploitation.

 

Les indicateurs techniques doivent être le plus optimisés possible dans le but de faire face à l’augmentation des charges. Il est donc primordial de récolter des fourrages de bonne qualité en quantité suffisante, être vigilants sur la qualité du lait, optimiser la durée du pâturage et les leviers de production seront au vert !

 

Justine VINCENT

Conseillère Relais Agriculture Biologique

justine.vincent@littoral-normand.fr  

   06 33 33 60 41

Contactez l'auteur

Certifications :