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#2- Autonomie protéique : des éleveurs témoignent

Témoignage30/11/2022Fourrages, Prairies, Technico-économique, NutritionBovins lait

Le projet Cap Protéine a pour objectif souverain de moins dépendre des protéines acheminées des pays tiers grâce à une meilleure valorisation des prairies, l’accroissement des surfaces en légumineuses et le maintien des surfaces en oléagineux.

 

Ainsi, environ 300 exploitations sur toute la France dont 120 fermes pilotes en bovin lait engagées depuis quelques années dans cette démarche d’autonomie en protéine, nous délivre leur parcours, les leviers utilisés et les résultats obtenus.

Dans ce cadre, nous vous présentons le témoignage de 3 éleveurs de Littoral Normand qui ont opté pour plus d’autonomie en protéine à l’échelle de leur exploitation.

 

EARL du BOIS BERTRAND (Emmanuel LETELLIER)

Maîtrise du pâturage et des dérobées pour des protéines toute l’annéee

 

Les objectifs de l’éleveur

          « - Optimiser le coût alimentaire.

             - Améliorer la valorisation des prairies.

             - Être plus autonome en protéine.

            - Limiter l’utilisation du matériel en termes de coûts et de temps de travail.»

L’exploitation en bref

           - 1 exploitant (Emmanuel), 1 salarié (0,3 UMO).

          - 66 vaches (2/3 Normande et 1/3 Prim’Holstein) – 449 693 litres/an  

          - 6 347 l/VL/an à 42 g/l de TB et 35 g/l de TP.

          - 118 ha de SAU – 47 ha de CV et 71 ha de SFP.

          - Chargement : 1,60 UGB/ha SFP

          - Parcellaire groupé hormis 26 ha situés à 40 km.

L’histoire : une évolution vers l’AOP Camembert et Pont l’Evêque

Installation d'Emmanuel en 1997 avec sa maman : 92 ha, 225 000L de lait, 100% Prim’Holstein et hors AOP.

2001 : départ de la maman et passage à 300 000 litres de lait avec 35 vaches.

2012 : passage à 330 000 litres et 115 ha

2014 : passage en AOP et introduction de vaches de race Normande.

2019 : mise en place du pâturage dynamique.

 

Autonomie protéique et impact de l’élevage

         - L’autonomie en protéine de l’exploitation atteint 65% (moyenne AOP Littoral Normand = 59%) avec 30% de maïs dans la SFP.

         - La consommation de concentré des vaches laitières est de 933 kg comparativement aux 1 173 kg consommés pour un troupeau identique.

         - L’empreinte carbone nette est de 0,96 kg eq. CO2 par rapport à la moyenne située à 0,77 tous systèmes confondus dont les AgroBio.

         - L’âge au 1er vêlage (28 mois), l’entretien de la biodiversité et la bonne valorisation des fourrages contribuent à l’amélioration de l’empreinte carbone.

Les résultats économiques : des résultats favorables

L’EBE/produit est de 37%. Les annuités/EBE à 22% sont à un niveau tout à fait raisonnable. Il en découle une marge de sécurité (CAF) de 21% des produits par rapport au repère de 5% recherché.

Par ailleurs, le taux d’endettement est de 58%, ce qui est un niveau acceptable au vu de la trajectoire de carrière de l’éleveur.  

 

Les leviers mis en œuvre pour plus d’autonomie en protéine

La gestion du pâturage des vaches laitières

Les prairies sont renouvelées tous les 4 à 5 ans pour conserver une très bonne qualité de prairie avec l’objectif d’obtenir 200 kg MAT/ha du 1/04 au 1/06.

La conduite est dite « dynamique » avec un temps de présence des vaches de 24 à 36 heures par paddock.

La gestion se fait à l’herbomètre toutes les 3 semaines avec sa conseillère pour débrayer des parcelles suffisamment tôt pour un report de ces stocks l’été.

Valeur moyenne en MAT des ensilages = 158 g/kg MS.

La bonne gestion des prairies a permis une amélioration de la productivité en passant de 3 T à 8 T MS/ha.

 

La valorisation des dérobées

Implantation de mélanges sur 8 ha à la mi-août : le mélange est constitué de 50% RGI + 30% trèfle et 20% Vesce.

2 récoltes : une à l’automne et la suivante au printemps avant le 15/04.

Elles reçoivent 30 unités d’azote/ha au printemps.

Elles sont ajoutées dans la ration hivernale, à raison de 4 kg de MS.

Valeur moyenne en MAT des ensilages de dérobée = 195 g/kg MS

 

 

Le regard d'Amandine HOUSSAYE, conseillère à Littoral Normand

 

L’aménagement du parcellaire existant et une meilleure conduite du pâturage ont été bénéfiques pour l’EARL du BOIS BERTRAND parce que cela a permis d’optimiser l’existant de l’exploitation sans augmentation de la surface de pâturage. 

L’amélioration de la productivité des prairies a libéré des surfaces pour la production de bœufs (16/an) et de céréales (3 ha).

L’achat de protéine a diminué et cela a contribué à une meilleure maîtrise du coût alimentaire dans un contexte de production en lait AOP sans OGM.

 

 

 

 

 

Pour en savoir plus sur le programme national Cap Protéines : www.cap-proteines-elevage.fr

 

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