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La destruction des couverts d'interculture en AB

Actualité25/11/2022Agriculture Biologique, FourragesBovins lait, Bovins viande

Dans les systèmes en polyculture élevage non limités en surfaces fourragères, il est possible d’envisager l’implantation de couverts d’interculture destinés non pas à l’alimentation des bovins mais à celle du sol. La restitution de la biomasse est certainement un atout majeur de l’entretien de la fertilité biologique, physique et chimique du sol à long terme, mais il faut adapter la période de destruction de l’interculture pour maximiser ses avantages et éviter les conséquences sur le court terme.

Ci-après deux couverts prévus en interculture avant maïs et destinés à être restitués au sol. Quelle est la différence entre les deux ? Quand faudra-t-il les détruire ? En effet la date de destruction des couverts d’interculture destinés à la restitution dépend de plusieurs facteurs.

 

 

1 - Composition et stade du mélange

De façon très générale il est possible de classer les couverts en deux grandes catégories :

Les couverts sans légumineuses (exemple photo de gauche où on distingue moutarde, phacélie et radis chinois)

Ce sont des couverts qui ont l’avantage de pouvoir produire beaucoup de biomasse, si semés tôt avec la bonne météo et une bonne disponibilité d’azote. Le problème est que plus ils produisent de biomasse, plus ils font de la tige et plus leur rapport C/N se dégrade. Après leur destruction leur digestion par le sol sera potentiellement rapide (il s’agit de matière organique fraiche). Etant donnée leur composition ils pourraient générer de la faim d’azote. La destruction de ce type de couverts doit donc impérativement être réalisée tôt et au moins un, voire deux mois, avant l’implantation d’une culture exigeante en azote comme par exemple le maïs.

Les couverts à base ou avec une forte présence de légumineuses  (exemple photo de droite où on observe la présence de différentes espèces de trèfle semées avec un peu de phacélie)

Ce sont des couverts qui produisent potentiellement moins de biomasse que les précédents et qui arrêtent de pousser relativement tôt. Les non gélifs peuvent aussi reprendre leur croissance en sortie hiver. Le C/N de ces couverts ne se dégrade pas avec l’avancement des stades, et il reste toujours favorable à la libération d’azote à la suite de la minéralisation. Ces couverts peuvent donc être détruits juste avant l’implantation d’une culture exigeante en azote.

2 – Exigences de la culture suivante

Dans le paragraphe précédent les préconisations concernent la destruction des couverts implantés avant une culture exigeante en azote. Mais qu’en est-il si la culture de printemps est une légumineuse (par exemple lentille ou pois de printemps) ? Dans ce cas il n’y a pas d’enjeu azote. Les légumineuses seront à proscrire dans le couvert qui les précèdent et la faim d’azote généré à la suite de la destruction sera même bénéfique pour réduire le salissement de la culture.

Dans tous les cas si la biomasse à détruire est abondante, on peut faciliter sa destruction par le passage d’un rouleau sur sol gelé. Cette technique fonctionne très bien sur les espèces à tige plus ou moins rigide. Quand c’est possible le pâturage de ces couverts permet de restituer au sol au travers des bouses de la matière organique déjà partiellement digérée avec un rapport C/N ramené à des valeurs très favorables à la libération d’azote.

 

Maddalena MORETTI

Conseillère Référente Agriculture Biologique

maddalena.moretti@littoral-normand.fr  

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