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Autonomie protéique : une grande variabilité dans les résultats

Actualité24/03/2023Fourrages, Repères, NutritionBovins lait

L’amélioration de l’autonomie protéique des élevages laitiers est une ambition nationale soutenue par le plan de relance. Son calcul sur les exploitations adhérentes à Littoral Normand indique une moyenne de 55 %. Les différences entre groupes et au sein de ces groupes met en lumière qu’il existe des leviers pour améliorer cette autonomie. Une approche économique est nécessaire pour vérifier l’impact économique de ces leviers dans chaque exploitation.

Cap Protéines : une ambition nationale

Depuis décembre 2020, avec le lancement par le gouvernement du plan France Relance, les éleveurs de ruminants, en partenariat avec les filières végétales, ont l’opportunité de s’engager dans un programme ambitieux et inédit de conquête de leur autonomie protéique.


La souveraineté protéique est un sujet stratégique qui touche d’une part à la dépendance nationale aux fluctuations des marchés mondiaux des matières premières riches en protéines (soja notamment) et d’autre part aux enjeux environnementaux liés à ces cultures (bilan carbone, cultures OGM…).
C’est l’enjeu du plan protéines 2030 dont l’objectif est d’assurer la souveraineté protéique de la France à l’horizon 2030. Ce Plan Protéines comporte un important volet de recherche, développement, innovation et transfert, confié à Terres Inovia et à l’Institut de l’Élevage : le programme Cap Protéines. Son volet élevage vise à accroître l’autonomie protéique des élevages de ruminants et des territoires.

Comment calculer l'autonomie protéique ?

Il s’agit d’abord de faire l’inventaire des besoins du troupeau laitier en MAT (= Matière Azotée Totale). D’une part, il faut réaliser l’inventaire des animaux (vaches et
génisses) et des performances (niveau d’étable, taux protéique et âge au 1er vêlage). D’autre part, des tables de références proposées par l’Idèle permettent de déterminer les besoins en MAT des vaches et des génisses. Ensuite, il faut calculer les quantités achetées en fourrages, coproduits et concentrés et leur attribuer des valeurs MAT.
C’est la différence du rapport besoins – achats qui permet de déterminer le taux d’autonomie en protéine du troupeau..

Références de Littoral Normand

Les troupeaux laitiers adhérant à Littoral Normand sont en moyenne à 55 % d’autonomie en protéine. Cette autonomie est variable selon la typologie d’élevage concernée de 42 % en troupeaux équipés de robot de traite à 85 % en troupeaux Agrobiologiques. Cela s’explique par :
     >> La part de maïs dans la ration des bovins : plus il y en a, plus il faut de tourteaux achetés pour équilibrer les rations.
     >> La performance des vaches laitières : plus le niveau est élevé, plus il faut de MAT pour couvrir les besoins. Il faut 775 g de MAT pour une vache produisant 6 000 litres de lait/an comparé aux1 119 g de MAT pour une vache produisant 10 000l de lait/an.
     >> Le chargement des surfaces fourragères (UGB / ha SFP) : plus le chargement augmente, plus la part de maïs tend à augmenter.

Ces résultats sont également très variables pour chaque groupe. En effet, pour les troupeaux de race Normande, la variabilité va de 48 % d’autonomie protéique pour le quartile inférieur à 76 % pour le quartile supérieur. Cette variabilité dans chaque groupe est de 25 à 30 % en moyenne. En cela, il y a bien des marges de progrès quelle que soit la situation pour chaque troupeau.

Des leviers pour améliorer l’autonomie protéique

Plusieurs leviers sont accessibles. Il est possible d’économiser ses protéines sur plusieurs voies : ajuster les effectifs de vaches laitières et le % de renouvellement, bien équilibrer les rations pour éviter les gaspis, récolter des fourrages au bon stade (riches en MAT) et bien les conserver…


Ensuite, il faut chercher à produire ses protéines sur plusieurs voies : augmenter la part de pâturage, introduire des légumineuses (trèfle, luzerne), introduire des dérobées dans la ration des vaches laitières, voire augmenter la part de ces dérobées, opter pour les mélanges prairiaux de fauche ou les méteils fourragers, produire son concentré fermier, ou au moins une part importante de tourteau de colza…

 

Au-delà de ce calcul d’autonomie protéique, il est important de chiffrer les conséquences économiques des leviers utilisés. Il faut aller au-delà du coût alimentaire pour bien mesurer l’impact économique par le biais d’un budget partiel qui prendra en compte l’ensemble des composantes économiques de l’exploitation.

 

Fabien BREGEAULT

Référent Chef Produit Technico Economique

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