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Quelle est la relation entre le taux d’urée et l’augmentation des cellules?

Actualité24/04/2023Nutrition, Qualité du laitBovins lait

Une question nous est souvent posée : existe-t-il une relation entre le taux d’urée et l’augmentation des cellules ou de la fréquence d’apparition des mammites ? Voici quelques éléments de réponses.

Avec la mise à l’herbe, la disponibilité en azote soluble de la ration des vaches laitières va augmenter. Est-ce que cette augmentation de l’azote soluble dans la ration et l’augmentation des taux d’urée du lait qui va l’accompagner risquent d’occasionner des montées cellulaires et l’apparition de mammites ?

Cette question revient souvent au printemps comme en hiver. Régulièrement des éleveurs affirment que lorsqu’ils augmentent la quantité d’urée dans la ration cela provoque des mammites. Que doit-on en penser ?

 

Avec la mise à l’herbe, la pression environnementale va baisser

Lorsque les vaches sortent au pâturage, elles sortent du bâtiment. La pression des germes d’environnement va alors baisser sur le troupeau. La fréquence des mammites va donc globalement se réduire comme l’illustre le Graphique 1 :  le nombre de mammites constatées en 2022 au printemps diminue dans les élevages adhérents à Littoral Normand .

 

Le taux d’urée seul n’explique pas l’augmentation des cellules ou de la fréquence des mammites

Lorsqu’on met en relation les taux d’urée individuels des vaches à une même saison, on ne met pas en évidence d’augmentation des taux cellulaires lorsque le taux d’urée augmente (Graphique 2). On constaterait même une tendance inverse : les vaches avec les taux d’urée les plus faibles ont en moyenne des taux cellulaires plus élevés.

 

Le taux d’urée est un indicateur indirect du fonctionnement métabolique du troupeau

Lorsqu’il est élevé, il témoigne d’une disponibilité importante d’azote soluble dans la ration qui est recyclé et dont l’excédent est excrété. La teneur en urée du lait reflète l’intensité de ce recyclage et de cette excrétion. Certaines rations riches en azote soluble et en fourrages très digestibles (ensilages d’herbe jeunes par exemple) peuvent générer des augmentations de taux d’urée dans le lait et des bouses plus liquides. Le milieu est alors contaminé plus facilement et devient plus contaminant (vaches plus sales, paillots plus difficiles à tenir…). Ce n’est donc pas le taux d’urée élevé qui est l’indicateur d’un risque de montée cellulaire mais les bouses liquides engendrées par certaines rations.

L’augmentation brutale de ce taux d’urée peut en revanche engendrer un stress qui perturbe l’immunité et facilite l’apparition de mammites cliniques s’il y a un risque. Avec des maïs comme ceux récoltés en 2022 dans certaines régions, les rations manquent souvent d’énergie fermentescible ce qui a engendré des taux d’urée plus élevés. L’immunité des vaches s’en trouve altérée et une augmentation des taux cellulaires a pu être constatée.

 

Lorsque le taux d’urée est bas (inférieur à 150), voire très bas (inférieur à 100), cela témoigne souvent d’un manque d’azote soluble dans la ration. Les vaches recyclent peu et n’excrètent pas d’azote. D’autres troubles métaboliques peuvent accompagner ce déficit en azote de la ration : acidose, lorsque la ration contient une proportion importante d’amidon (ensilage de maïs ou céréales) ; acétonémie, lorsque le manque d’azote ne permet pas la valorisation de l’énergie de la ration. Les vaches concernées sont alors soumises à des baisses d’immunité qui peuvent faciliter les infections mammaires occasionnant montées cellulaires et mammites.

 

En conclusion, on ne constate pas de lien entre une augmentation des taux d’urée et la montée des taux cellulaires.

Si dans votre élevage, vous constatez à la fois une montée des taux d’urée et des taux cellulaires, ne vous trompez pas de cible : agissez sur le logement et la propreté des animaux et l’assurance de ne pas manquer d’énergie dans les rations. En revanche si les taux d’urée sont très bas, vigilance. Votre ration est déséquilibrée. Des problèmes métaboliques peuvent survenir qui s’accompagneront d’une baisse d’immunité et d’une montée des taux cellulaires.

 

Etienne DOLIGEZ

Directeur Technique Adjoint

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