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Pour le printemps, pensez pâturage tournant !

Actualité23/02/2024PrairiesBovins viande

Le principe du pâturage tournant est de faire pâturer son troupeau sur plusieurs paddocks. L'éleveur organise ainsi une rotation afin que le troupeau ne revienne que lorsque l'herbe est régénérée. L'offre d'herbe est ainsi constante. Retrouvez les préconisations pour le mettre en place.

L'objectif est de faire pâturer l'herbe au bon stade végétatif, quand elle offre le meilleur rapport quantité/qualité. Cela permet de maitriser au mieux la pousse de l'herbe pour maximiser les performances de ses prairies et de son troupeau.

Le bon moment pour pâturer

Les animaux doivent pâturer quand les plantes de la parcelle sont au stade 3 feuilles, pas avant car il n'y aura pas assez de quantité offerte, pas après car passé ce stade, la digestibilité diminue et un risque de gaspillage s’installe (hauteur de la gaine élevée et piétinement en condition humide). Cela correspond à une hauteur de 10 à 12 cm (herbomètre).

Retirer les animaux à temps

Il est fondamental de sortir les animaux avant qu'ils attaquent la gaine de la plante car cela entrainerait une mauvaise régénération de la prairie. Cela équivaut donc à sortir les animaux à hauteur de 5 cm. On peut retenir l’idée d’une hauteur sortie progressive égale au numéro du mois (en avril 4cm, en juin 6cm et en août 6 car les refus sont fauchés).

Réussir le déprimage : phase la plus délicate

L'objectif de ce premier tour de déprimage est de réguler l'herbe et de créer un décalage de hauteur d'herbe entre les différents paddocks. Pour cela, il ne faut aucun reste après le passage du lot, quitte à légèrement surpâturer. Les plantes vont ainsi se protéger en produisant plus de feuilles, de racines et de nouvelles talles pour multiplier les chances de se reproduire. A la fin du tour de déprimage, le premier paddock doit être au stade trois feuilles pour commencer la rotation suivante. Ne donc pas hésiter à sortir les animaux dès que les conditions le permettent pour ne pas se faire « dépasser ».

Gérer l'excès d'herbe

Plusieurs solutions sont possibles, si un excès d'herbe est repéré. Ceci peut arriver par exemple, lors du pic de pousse au printemps :

       > La fauche

       > Utiliser un deuxième lot sur les excès

       > Accélérer la rotation du premier lot et ajouter un deuxième lot à faible besoin (par exemple des génisses de 2 ans, des bœufs, des gestantes.) pour nettoyer les paddocks.

       > Augmenter momentanément la taille du lot.

Le délai de retour sur la parcelle doit être d’environ 25 jours au printemps et en automne et d’au moins 35 jours en été.

La surveillance doit être accrue pour pouvoir observer la moindre hétérogénéité. Ne pas hésiter à utiliser un herbomètre pour se faire l’œil.  

 

Parole d’éleveur

Didier PELLERIN n’est plus un novice en termes de pâturage tournant. Installé en GAEC avec sa femme, sur la commune des Monceaux près de Lisieux, ils élèvent une centaine de vaches charolaises en Agriculture Biologique. Depuis 2013, Didier pratique cette méthode.

« Je me suis lancé dans cette pratique car mes terrains s’appauvrissaient. Certaines parcelles étaient dédiées uniquement à la fauche. J’ai voulu absolument faire cette complémentarité fauche/pâture. Cela m’a permis aussi d’introduire de l’enrubannage dans la ration car on fauche beaucoup plus précocement. Auparavant, la ration hivernale était 100% foin. Les performances de mes animaux aussi bien l’hiver que l’été se sont améliorées. »

 

 

Le pâturage tournant se pratique sur la totalité de l’exploitation avec des temps de présence sur les parcelles différentes. Les vaches suitées sont toutes en pâturage tournant dynamique, elles restent au maximum 3 jours sur les parcelles. Les génisses et bœufs sont sur une rotation de 7 jours environ, ce sont des parcelles plus éloignées où l’accès à l’eau et le découpage des parcelles n’étaient pas simple à gérer.

« Je ne ferai jamais retour en arrière, j’ai gagné sur beaucoup de postes : docilité de mes animaux, productivité et qualité de mes prairies, performances de mon troupeau, réduction de la consommation de fioul, réduction des charges de mécanisation. Cependant, c’est une méthode à bien organiser en amont (découpage/implantation des chemins, des clôtures et des points d’eau) afin que cela ne devienne pas une contrainte quotidienne. Par ailleurs, on accentue la surveillance des animaux mais le week-end, elles savent se faire attendre aussi pour changer de parcelle, il ne faut pas l’oublier. »

 

Gabriel FOUGERES

Conseiller Bovins Croissance

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