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Les mycotoxines : de quoi parle-t-on ? Quelle pression sur la zone Littoral Normand ?

Actualité13/01/2022Fourrages, NutritionBovins lait, Bovins viande

Les mycotoxines sont produites par certaines moisissures. La contamination peut avoir lieu au champ, avant la récolte ou lors du stockage des aliments. Bien que certaines mesures de prévention puissent être prises pour en réduire la fréquence, il est très difficile de prévenir la contamination des aliments, en particulier lorsque les conditions climatiques sont favorables au développement des moisissures dans les cultures. Afin d’évaluer le risque mycotoxines dans nos exploitations, Littoral Normand participe à un observatoire mycotoxines national nous permettant d’avoir une vision de la contamination dans nos élevages.

Qu’est-ce qu’une mycotoxine ?

Les mycotoxines sont des métabolites secondaires toxiques sécrétés par des champignons lors d’un stress. A ce jour, plus de 300 mycotoxines ont été identifiées, seule une trentaine possède des propriétés toxiques pour les animaux. Elles sont classées en 6 groupes qui regroupent les mycotoxines les plus fréquentes dans le monde. En France, avec nos climats, les mycotoxines dites « de champ » à savoir les Trichothécènes (DON principalement) et la Zéaralénone (structure chimique proche œstrogène) sont les plus fréquentes. Les mycotoxines de stockage sont assez rares.

 

Les risques associés aux mycotoxines pour les bovins

Les ruminants sont beaucoup moins sensibles aux mycotoxines que les monogastriques (porcs et volailles) où les conséquences peuvent préjudiciables sur les résultats techniques.

Chez les bovins adultes, il y a environ 7 kg de microorganismes (protozoaires et bactéries) dans le rumen. En conditions normales, ces microorganismes sont capables de métaboliser une partie des mycotoxines présentes dans l’alimentation. Les bovins résistent donc mieux que les monogastriques à la pression des mycotoxines.

Cette action est cependant fortement dépendante de l’activité du rumen. Un dysfonctionnement de ce dernier (alimentation concentrée, transition alimentaire rapide, jeune ruminant, ionophores, transit rapide dans le rumen, etc.) limitera donc cette détoxification. Selon différentes sources, ces dysfonctionnements pourraient réduire la détoxification dans le rumen à hauteur de 30% seulement.

Au départ de l’exposition des ruminants aux mycotoxines, celles-ci ne causent que des problèmes relativement mineurs souvent non décelables. Ce n’est qu’à partir de quelques semaines et à des doses élevées que les symptômes peuvent apparaitre.

La toxicité des mycotoxines va varier en fonction de la quantité ingérée par jour, du statut immunitaire, l’état de santé de l’animal, de son stade physiologique et la durée d’exposition.

Le tableau suivant fait une synthèse de quelques impacts des principales mycotoxines sur les ruminants (synthèse bibliographique).

 

Comment limiter les problèmes de mycotoxines dans l’ensilage de maïs ?

Les principaux facteurs de risques influençant le développement des mycotoxines sont :

  • Climat doux et humide ;
    • Absence de rotation de culture (rotations à risques : maïs/maïs ou maïs/blé) ;
    • Techniques culturales (semis directs) ;
    • Non destruction des résidus de cultures ;
    • Date de semis tardive ;
    • Variétés tardives ;
    • Silo mal conservé entrainant le développement de moisissure.

 

Quelle pression dans nos exploitations en Normandie ?

Vous trouverez ci-dessous la répartition des analyses effectuées dans 50 exploitations sur des échantillons de maïs récoltés en 2020 et en 2021.

La fumonisine a été détectée dans moins de 8% des échantillons avec des valeurs très faibles n’impactant donc pas les performances des bovins. Concernant la Zéaraléonone, il y a une forte disparité des résultats avec des valeurs nulles et des valeurs présentant des risques pour les animaux.

 

Pour la famille des DON (=Trichotécènes), la présence est beaucoup plus importante. En effet, 90% des échantillons présentent des doses qui peuvent provoquer des problèmes de santé et de performance pour les animaux.

Comment traiter ?

Il existe trois stratégies pour lutter contre les mycotoxines que l’on retrouve dans les capteurs du marché à savoir l’utilisation :

  • D’argiles et parois de levures pour l’adsorption (capteurs/fixateurs qui vont se lier avec certaines mycotoxines puis éliminées par les fèces). L’argile bentonite est reconnue (Efsa) pour sa capacité à fixer et inactiver certaines mycotoxines (aflatoxines et alcaloïde d’ergot notamment) mais du fait de la surface d’absorption limitée des argiles elle n’a très peu d’effet sur la DON et Zéaralénone (mycotoxines les plus courantes en France).
    • D’enzymes pour la biotransformation : élimination de la toxicité des mycotoxines en les dénaturants.
    • D’argiles et d’extraits d’algues associés : les extraits d’algues ont pour objectif d’augmenter la surface d’absorption des argiles ce qui permet de capter les DON et les ZEA.

 

Olivier VERON

Nutritionniste - Littoral Normand

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