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Les méteils : « une association de bienfaiteurs »

Actualité16/08/2021Agriculture Biologique, Fourrages, NutritionBovins lait, Bovins viande

Les méteils, cultures associées de céréales et protéagineux, ont été cultivés jusqu’aux années 50, au moment du procès d’intensification de l’agriculture française. Après leur marginalisation, elles connaissent un regain à la fin des années 2000 avec l’augmentation du nombre d’exploitations en Agriculture Biologique.

Dernièrement, cette culture s’est également étendue au conventionnel pour ses multiples intérêts : souplesse d’exploitation et autonomie protéique dans les fermes en élevage, stabilisation des rendements et conduite à faibles intrants en culture.

 

Place dans la rotation

Les faibles exigences en azote des méteils rendent leur place dans la rotation souple. Cependant, si l’objectif est d’avoir une proportion plus importante de protéagineux il faudra veiller à implanter l’association derrière une culture qui laisse de faibles reliquats d’azote. Les précédents riches comme les légumineuses, le colza, le lin ou les pommes de terre sont à éviter. La forte disponibilité d’azote risque en effet de trop favoriser la céréale par rapport au protéagineux en réduisant sa présence à la récolte.

 

Facteurs influençant la proportion de protéagineux à la récolte

Nous avons déjà évoqué la question de la disponibilité d’azote comme levier majeur pour piloter les proportions des composants d’un méteil. La réflexion sur la date, la densité de semis et le choix des espèces est aussi fondamentale.

Dans le cas général, les céréales permettent de pallier la sensibilité à la verse des légumineuses en leur servant de tuteurs. Mais si les proportions ne sont pas équilibrées, leurs tiges sont endommagées et les risques de verse augmentent.

La maitrise de la densité de semis d’une association est alors essentielle mais elle dépend aussi du produit final souhaité. Si on souhaite récolter un produit très riche en protéagineux à la récolte, sa densité de semis doit être proche de 70% de celle en culture pure contre 40% pour la céréale. Pour un produit plus équilibré il faut prévoir 50 % de la dose en pure pour le protéagineux et 70 % pour la céréale.

Le développement des espèces est également impacté par la date de semis. Une date précoce favorise le protéagineux, mais augmente le risque de salissement. A l’inverse, le développement de la céréale est favorisé par un semis tardif.

L’agressivité des espèces doit être prise en compte pour établir les proportions des graines au semis. L’avoine, et la féverole sont des espèces très agressives et leur proportion dans les mélanges de semis doit en tenir compte. Enfin, les maturités respectives de chaque espèce doivent coïncider si une récolte en grain est envisagée.

 

Intérêt agronomique : une complémentarité indéniable

L’intérêt agronomique d’une association céréales/protéagineux est particulièrement intéressante en Agriculture Biologique. Il s’agit d’une culture qui peut être conduite sans apports, herbicides ou traitements phytosanitaires, et qui valorise bien les mauvais précédents. La céréale a une croissance racinaire plus précoce que le protéagineux ce qui lui permet d’être plus compétitive pour l’azote du sol au démarrage de la culture. Une concurrence qui stimule la fixation de l’azote de l’air par le protéagineux associé.

 

Grâce à la complémentarité de l’architecture racinaire des différentes espèces du mélange, qui vont chercher eau et nutriments à des niveaux différents du sol, l’utilisation des ressources est optimale. La complémentarité foliaire garantit une très bonne couverture des sols, ce qui détermine une compétition favorable par rapport aux adventices. La complémentarité des céréales et des protéagineux ne se limite pas aux architectures racinaire et foliaire, elle se traduit aussi par une diminution de la sensibilité aux maladies de la culture. De telles associations sont aussi favorables à la vie du sol. Chaque espèce ayant ses propres affinités, elles stimulent la diversité des microorganismes du sol.

Malgré une densité de semis maitrisée, les proportions de chaque espèce à la récolte peuvent être différentes dues aux conditions pédoclimatiques ou à la conduite de la culture. Ce qui peut paraitre un problème représente en réalité l’intérêt d’une telle association puisque la complémentarité des espèces augmente la résistance aux aléas climatiques de la culture dans son ensemble. Cette capacité d’adaptation limite chaque année l’irrégularité du rendement.

 

Intérêt zootechnique : qu’en est-il ?

Les associations céréales/protéagineux contribuent à l’autonomie alimentaire des élevages.

Récoltées en fourrage, elles favorisent la rumination en apportant de la fibre avec une teneur en MAT supérieure à celle d’une paille. Le concentré issu d’une récolte en grains est également plus riche en matières azotées mais il peut contenir du tanin, contre-indiqué chez les monogastriques.

Peu importe le mode de récolte, c’est la proportion de protéagineux qui détermine celle des protéines brutes. Les proportions des espèces dans les associations céréales/protéagineux n’étant pas fixe, une analyse du mélange est indispensable pour déterminer sa valeur nutritionnelle exacte.

 

Aline CHRISTIEN

Apprentie Conseillère

&

Maddalena MORETTI

Conseillère Référente Agriculture Biologique

 

 

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