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Valoriser l’herbe d’automne, une nécessité et un intérêt technique

Actualité13/09/2022Agriculture Biologique, Fourrages, PrairiesBovins lait, Bovins viande

Pour démontrer que la qualité de l’herbe n’est pas un facteur limitant, sauf dans le cas de l’énergie sur des prairies « moyennes », voici quelques valeurs de référence issues des analyses réalisées par Littoral Normand. Ce sont plutôt les conditions de pâturage et d’accès aux parcelles qui peuvent ou pas permettre de valoriser cette ressource...

Valeurs de références issues des analyses réalisées par Littoral Normand

 

 

Valoriser l’herbe d’automne : pâturage ou récolte

La minéralisation des sols en sortie d’été, avec l’arrivée des pluies significatives accompagnée de températures propices à l’ensemble des espèces herbagères, soutient la pousse de l’herbe. Cela nous permet de pâturer le plus tard possible, tant que les conditions sont bonnes, et éventuellement de faire des stocks supplémentaires.

En effet, le changement climatique fait qu’aujourd’hui il est de plus en plus facile de valoriser l’herbe d’automne par des conditions de pâturage correctes et une croissance encore soutenue, même si inférieure à celle de printemps, allant de 20 à 40 kg MS/ha/jour selon les années. Avec 50 ares accessibles par vache, cela correspond à une offre de 10 à 20 kg MS/jour disponibles par la croissance. Pour ne pas abîmer les chemins et créer des lésions aux pattes des vaches, il faut absolument que les accès aux parcelles soient bien conçus et réalisés.

Pour la fauche, attention au temps plus humide et au changement de conditions climatiques qui pénalisent les temps de séchage. Ces récoltes sont généralement plus humides, et donc doivent être mises à part et valorisées rapidement, pour éviter trop de pertes sous forme de jus. L’enrubannage est une bonne solution, mais attention au poids et à la tenue des balles qui ont tendance à s’avachir. Le stockage n’est pas leur point fort.

 

Conditions de pâturage

Voici quelques conseils pour valoriser au maximum l’herbe présente et favoriser le démarrage de la campagne de pâturage de l’an prochain :

  • Sortir les vaches le matin avec du lest dans la panse, soit 2 à 3 kg de foin. La hauteur sortie doit être entre 5 et 6 cm herbomètre pour éventuellement favoriser une nouvelle pousse d’herbe avant le plein hiver. Le dernier pâturage devra cependant être le plus ras possible pour l’hivernage et pour favoriser le redémarrage l’année suivante et permettre ainsi un déprimage efficace. Si besoin, faire passer des animaux avec des besoins moindres comme les génisses de 18 mois pas encore pleines ou des bœufs.
  • En cas de journée très pluvieuse ou avec gel le matin et selon la portance des sols, ne pas hésiter à sortir les vaches que 3 à 4 heures, leur permettant d’ingérer le maximum d’herbe en peu de temps. Elles comprennent vite ce qu’elles doivent faire pour avoir à manger. Les prairies implantées depuis longtemps porteront mieux et se regénéreront plus vite si elles sont « abimées », mais il faut éviter le piétinement lors des périodes de gels matinaux fréquentes en octobre.
  • Plus longtemps les parcelles sont occupées pendant l’hiver, moins vite elles redémarreront au printemps. L’herbe gagnée d’un côté pourrait donc manquer en sortie d’hiver, si les conditions climatiques sont compliquées. Attention donc à bien mettre au repos pendant au moins 3 à 4 mois quelques parcelles. Cela correspond à un stop pâture au 1er novembre pour un début de pâturage potentiel le 1er mars.
  • A l’auge, prévoir un apport de fibres type foin avancé et un apport d’énergie, peu importe la source d’amidon. Et bien sûr ne pas oublier le minéral. L’introduction d’ensilage d’herbe ne changera pas la complémentation.

 

Pour la fauche

Comme au printemps, faucher en fin de journée de préférence pour que la valeur soit bien concentrée dans les feuilles. Faucher un peu plus haut pour éviter de mettre de la terre dans le fourrage.

Le fanage est aléatoire. Il faut andainer le plus vite possible pour favoriser un « séchage » dans l’andain. La récolte sera soit en enrubannage soit en ensilage si le fourrage n’est pas trop humide sinon, un lit de paille absorbera les jus et donnera de la fibrosité à la ration lors du désilage.

 

Fumure

Un apport de fumier composté en septembre ou octobre sera bien valorisé pour la période suivante.

 

La recherche d’autonomie, la conjoncture économique compliquée et les conditions climatiques sont l’occasion d’explorer des pistes nouvelles et d’aller plus loin dans les pratiques. Il faut analyser, confronter et tirer les conclusions propres à son exploitation pour améliorer ses pratiques et ainsi passer plus sereinement toutes ces phases compliquées qui ne feront que s’intensifier dans le temps.

 

Jean-François THOBY

Conseiller spécialisé AB et relais CAP2R

jeanfrancois.thoby@littoral-normand.fr

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