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Un collier qui détecte chaleurs et vêlages pour chacune de nos vaches

Témoignage28/02/2022Reproduction, Nutrition, Innovation, Santé animaleBovins viande

Pour piloter sereinement les deux périodes clés (chaleurs et vêlages) de leur production de vaches allaitantes, les associés du Gaec des Brouins ont opté pour des colliers multiservices (détecteurs de chaleurs, de vêlages, de l’ingestion et de la rumination).

« L’année dernière, nos thermomètres vaginaux sont arrivés en fin de vie. On a souhaité réinvestir dans du matériel de détection. On a alors choisi les colliers. La simplification d’utilisation et la possibilité de coupler la détection des chaleurs et des vêlages nous ont séduits. Les sondes nécessitent du temps de surveillance pour les poser au bon moment et sont invasives », explique Stéphane Labarrière, l’un des deux associés du Gaec des Brouins, à Varaville dans le Calvados. En décembre 2020, Les exploitants ont ainsi acheté 16 colliers pour équiper des génisses. Une seconde commande, l’année suivante, a permis de monter à 30, avant d’équiper, cette année, l’ensemble des reproductrices. « J’étais un peu réticent au début pour en avoir déjà testés il y a une quinzaine d’années pour la détection des chaleurs. Leur efficacité laissait alors à désirer. »

Les colliers sont posés 10 jours avant terme

Il y a trois ans, les éleveurs ont fait le choix de passer d’une période de vêlages hivernale à une période automnale pour des raisons sanitaires (problèmes respiratoires, de diarrhées, d’omphalites sur les veaux). L’objectif est de grouper les mises bas entre le 15 septembre et le 15 décembre. Pour cette campagne, 90 vêlages ont eu lieu entre le 20 septembre et le 20 décembre et 30 auront lieu entre le 10 janvier et le 20 février. Deux inséminations sont réalisées sur les femelles à la reproduction, les taureaux se chargent ensuite des retours durant quarante jours. « Lors de la dernière campagne de reproduction, on a eu des problèmes avec deux taureaux mis dans deux lots de 20 vaches. La majorité des femelles étaient vides à l’échographie de constat de gestation, d’où les 30 mises bas de janvier février 2022. Si ces femelles avaient eu des colliers, une alerte de retour en chaleurs aurait été émise et la réaction plus précoce. »

Les colliers sont posés au cornadis, 10 jours avant terme. La surveillance est fonctionnelle au bout de 48 heures (temps d’apprentissage de l’algorithme).

Une portée d’un kilomètre de rayon

Un boîtier avec une antenne recueille les informations des capteurs jusqu’à 1 km de rayon. Elles sont ensuite transmises via internet au serveur Medria qui les traite, les compile avec les autres données reçues (déclaration d’entrée, IA, échographie, contrôle de performances…) et les restitue sur le logiciel Farmlife, sous forme d’alertes et de graphiques. « La communication longue distance (1 km) est intéressante pour nous car elle permet de surveiller nos bêtes réparties sur plusieurs bâtiments et les vaches au pâturage autour des bâtiments. »

Les herbages se situant dans les marais, les éleveurs ramènent les vaches prêtes à vêler dix jours avant terme pour éviter qu’un veau ne tombe dans un fossé. Les futures mères restent en bâtiment la nuit mais ont accès aux prairies la journée. Une fois le veau démarré, les couples repartent dans des herbages plus éloignés jusqu’à début novembre. Les colliers sont enlevés puis remis début novembre pour ne quitter les mères qu’à la mise à l’herbe. Le troupeau est ensuite hiverné, hormis les génisses de 2 ans et les gestantes qui peuvent, si les conditions le permettent, rester à l’herbe un mois supplémentaire, voire deux les années sèches.

Une surveillance des animaux 24h/24

« L’outil offre une surveillance des animaux 24h/24 et 7 j/7, la détection se fait ainsi la nuit (50 à 60 % des chaleurs). Il permet également de voir si les cycles sont réguliers », souligne Émilie Guillochin, conseillère en élevage Littoral Normand et technicienne Monitoring Medria. Le détecteur indique précisément le moment de début de chaleur. « Ainsi, il est facile de demander à l’inséminateur de passer à l’heure optimale pour l’insémination. C’est un véritable gain de précision que l’œil de l’éleveur seul ne peut atteindre », précise Stéphane Labarrière. De cette manière, les éleveurs espèrent gagner encore sur la réussite en première IA, voire atteindre le 100 % IA. « Le troupeau faisant partie du schéma de sélection, les éleveurs ont tout à y gagner », observe François Guimera, conseiller Bovins croissance.

En même temps qu’ils se munissaient de colliers, les éleveurs se sont parallèlement équipés d’une caméra. Couplée aux alertes des colliers, elle leur permet de ne pas revenir inutilement le soir et la nuit, leurs habitations étant distantes des bâtiments d’hivernage. « Je suis moins à cheval sur la prise colostrale au début de la période de vêlage. La nuit, je regarde avec la caméra dès que j’ai une alerte. À partir du 1er novembre, je me déplace juste au bon moment pour traire la vache et sonder le veau. J’interviens moins lors des mises bas. Ainsi, le taux de vêlages faciles sans aide a augmenté et le taux de vêlages faciles avec aide tend lui à diminuer », note l’exploitant.

Un confort de travail

Pour les éleveurs, les outils d’aide à la détection des chaleurs et des vêlages sont un véritable gain en termes de qualité de vie et d’économie, d’autant plus que les deux exploitants ont de nombreuses responsabilités à l’extérieur. « On joue notre revenu sur ces deux périodes clés. Il me faut cinq minutes pour rentrer le numéro de la vache sur l’application et poser le collier », précise Stéphane Labarrière.

L’intelligence artificielle du Vel’Life s’adapte à chaque élevage et améliore sa précision au fur et à mesure de son utilisation. L’éleveur gère la précision des alertes selon ses besoins. Les capteurs fonctionnent sur piles. Elles ont une durée de vie de 5 à 7 ans. « Si l’éleveur est adhérent au service Pilot’élevage, toutes les informations des animaux sont déjà saisies. Avec le collier, on détecte facilement un retournement de caillette, un avortement… Il donne des informations sur l’alimentation. On peut voir si les animaux trient à l’auge, détecter des problèmes de mycotoxines. Le collier est capable de dire combien de temps une vache est restée couchée ou debout », note Émilie Guillochin. « On a autorisé nos conseillers à accéder à nos données afin d’échanger avec eux en cas de doute », remarque Stéphane Labarrière.

Dans le Calvados, une aide financière est apportée à hauteur de 40 %, dans la limite de 10 000 euros par an, pour investir dans du petit matériel.

 

Cyrielle DELISLE

Journaliste - Réussir Viande

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