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Strepto Ubéris, une bactérie aux deux visages

Actualité21/01/2022Qualité du lait, Santé animaleBovins lait

Lors d’un épisode de mammite, la bactérie Streptococcus Uberis est fréquemment rencontrée. Au niveau mondial, elle est à l’origine de la majorité des mammites cliniques et subcliniques.

Elle est naturellement présente dans les déjections des vaches même en bonne santé. Les infections par ce pathogène surviennent entre les traites, on parle alors de modèle environnemental mais aussi pendant les traites, on parle alors de modèle réservoir.

 

L’expression clinique est aussi très variable allant d’une mammite subclinique à une mammite aiguë en passant par une mammite chronique. Le diagnostic ne peut donc se baser uniquement sur les symptômes, il faut faire une(des) bactériologie(s).

 

Cependant, l’infection au niveau de troupeau présente quelques caractéristiques typiques :

  • Le taux cellulaire du tank à lait est fortement impacté par quelques animaux avec un comptage individuel élevé. Hormis ces vaches, la santé de la mamelle des autres animaux est souvent bonne voire très bonne.
  • Les problèmes surviennent davantage en début de lactation (la seconde partie de la phase de tarissement et le début de la lactation sont considérés comme la période où le risque est le plus élevé). Plus de la moitié des quartiers infectés par streptococcus uberis pendant la phase de tarissement développent une mammite clinique au cours des 100 premiers jours de la lactation.
  • Le risque d’infection peut varier selon la période de l’année. Certaines exploitations ont plus de problèmes en été, d’autres ne rencontrent des problèmes qu’en hiver.

 

Quatre facteurs favorisent sa multiplication : nutriments, oxygène, chaleur, et humidité.  Attention, dans les zones souillées, la température y est souvent plus faible à cause du piétinement, et l’oxygène peut faire défaut. Méfiance donc, une litière propre n’est pas un signe d’absence de streptococcus, ce constat n’est pas une invitation au laisser-aller car les vaches sales généreront alors des difficultés de décontamination des trayons en début de traite.

 

Au niveau du logement, on sera attentif à la dimension des logettes et à leur propreté, les couloirs souillés augmentent aussi la pression d’infection au niveau des mamelles. Comme nous l’avons vu plus haut, l’humidité est un facteur de croissance de la bactérie, la ventilation (renouvellement de l’air, température, humidité) du bâtiment est à étudier.

 

Plus de 30 % des infections surviennent au cours du tarissement, la maitrise de cette période est donc primordiale et les conseils concernant le logement des vaches en lactations est aussi valable pour les taries. On surveillera particulièrement le taux de nouvelles infections pendant cette période.

 

Et enfin, la traite avec :

  • Des mamelles et des trayons propres et secs. Les mamelles doivent être épilées, les trayons nettoyés et désinfectés avant la traite (papier spécial ou pré-trempage).
  • Une machine bien réglée, attention à la surtraite et niveau de vide.
  • L’utilisation d’un produit de trempage à effet barrière directement après la traite.
  • Dans les exploitations robotisées prévoir un intervalle minimal de six heures entre les traites pour que le sphincter puisse se fermer suffisamment et la kératine se régénérer.

 

La prévention de ces infections passe par un travail sur l’environnement des vaches mais aussi sur la traite et la recherche bactériologique, en complément des comptages cellulaires, qui permet d’identifier les bactéries dominantes dans un troupeau et d’adapter la prévention.

 

Jean-Pierre MASSOZ - Littoral Normand

Vétérinaire Conseil - Référent Qualité du lait -

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