Avec un prix de vente moyen de 395 €/1 000 l, la marge de sécurité n’est en moyenne que de 16 €/1 000 l. Si les exploitations du ¼ supérieur ont une marge de sécurité confortable (84 €/1 000 l), celles du ¼ inférieur ont une marge négative (-54 €/1 000 l).
De quoi parle-t-on ?
En fait, le prix d’équilibre est un prix du lait qui permet de couvrir : les charges (opérationnelles et de structures), le remboursement des annuités et les prélèvements privés.
Ce prix d’équilibre est calculé à l’échelle de l’exploitation.
La différence positive entre le prix d’équilibre et le prix du lait vendu correspond donc à la marge de sécurité (CAF = capacité d’auto-financement) recherchée.
Cette marge de sécurité est le seuil à partir duquel l’exploitation dégage de la trésorerie.
Présentation de l’échantillon d’exploitations étudiées
Cette synthèse s’appuie sur les données de 185 exploitations à dominante laitière. Les résultats sont issus des clôtures comptables 2021 (de janvier à décembre).
Le prix d’équilibre est calculé à l’échelle de l’exploitation incluant les autres productions que le lait. Le produit lait représente 62 % du produit total de l’exploitation et correspond à des exploitations centrées essentiellement sur la production laitière.
Ces exploitations vendent en moyenne 646 000 litres/an pour 86 VL présentes et un niveau d’étable de 7 658 kg lait. Globalement ces caractéristiques reflètent l’exploitation type de Littoral Normand.
Les 2 groupes ¼ performant et ¼ inférieur ont été triés sur l’écart entre le prix de vente du lait et le prix d’équilibre autrement dit la Capacité d’Auto-Financement (CAF), appelée également la marge de sécurité.
Un quart des exploitations avec une capacité d’autofinancement négative
57 600 € d’EBE/UMOf (Unité de Main-d’Œuvre familiale) est le niveau moyen observé. Ce ratio varie de 36 000 € entre les 2 groupes ¼ performant et ¼ inférieur.
Il y a un écart de 14 points entre le niveau de rentabilité des exploitations pour ces 2 groupes.
Le ratio CAF/produit est en moyenne à 2 % (le niveau souhaité est de 5 %) et varie de +12 % à - 8 % entre les 2 groupes ¼ performant et ¼ inférieur.
Pour le ratio Annuités/EBE, la moyenne est assez élevée et le groupe ¼ inférieur présente un niveau trop élevé (92 %) pour espérer dégager une marge de sécurité positive.
Une marge de sécurité des plus performants à 84 €/1 000 litres
Le prix de vente du lait est en moyenne de 395 €/1 000 l avec un écart de 18 € entre les 2 groupes de ¼. Le prix d’équilibre moyen est de 379 €/1 000 l.
Un quart des éleveurs de cette synthèse ont un prix d’équilibre à 430 €/1 000 l, ce qui est loin de couvrir l’ensemble des charges avec un prix du lait à 377 €/1 000 l.
L’écart entre le prix de vente et le prix d’équilibre est en moyenne de 16 €/1 000 l. Cet écart va de + 84 à - 53 €/1 000 l entre les 2 groupes, ¼ performant et ¼ inférieur. Le différentiel est de 137 €/1 000 l ce qui représente 88 000 € pour une exploitation moyenne.
Effet race
Le niveau de prix d’équilibre est différent entre les races Prim’Holstein et Normande. Il est de 362 € pour les troupeaux Prim’Holstein et de 380 € pour les troupeaux Normands. Ce prix d’équilibre est à comparer au prix de vente pour en définir la marge de sécurité.
Cette différence de niveau de prix d’équilibre entre les races s’explique par :
> Plus de produit lait (TB, TP) et de produit viande pour les troupeaux Normands.
> Plus de produits sur les surfaces dégagées et moins de charges de structures pour les troupeaux Prim’Holstein (logement…).
Le revenu disponible
L’écart d’EBE entre les 2 quartiles est de 57 845 € soit un écart de 103 €/1 000 l. Les annuités au cours de cet exercice se situent à 78 €/1 000 l pour le ¼ perf. et 106 €/1 000 l pour le groupe ¼ inférieur. La valeur repère pour ce critère se situe plutôt aux alentours de 80 €/1 000 l. Globalement, le revenu disponible varie entre les 2 quartiles de 73 392 € soit 124 €/1 000 l.
Cet écart entre les 2 groupes se fait notamment sur le prix du lait (valorisation des taux et de la qualité), la valorisation des
réformes, la mortalité des animaux, l’âge au 1er vêlage, la maîtrise du coût alimentaire et des autres charges, la cohérence du système…
Le prix d’équilibre de l’exploitation est un critère qui se calcule très rapidement. Il apporte un éclairage pertinent sur la marge de sécurité dégagée par l’exploitation avec un comparatif concret au prix de vente du lait. Pour tendre vers un bon revenu disponible, il faut avoir un raisonnement « marge = produit – charges ». Les résultats les plus favorables se construisent bien sur la combinaison de plusieurs critères techniques de conduite.
Fabien BREGEAULT
Référent Chef Produit Technico Economique
