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Observer ses vaches pour détecter « les boiteuses »

Actualité11/05/2022Santé animaleBovins lait, Bovins viande

Les boiteries représentent désormais la 2ème pathologie en élevage laitier par leur fréquence et leurs conséquences économiques, derrière les mammites.

Les boiteries coûtent cher !

Les boiteries touchent en moyenne 13 % des vaches laitières. leur fréquence est en augmentation ; ceci en lien notamment avec le temps passé sur sol « dur » (logettes, maintien constant en bâtiment, moins de pâturage), de l’augmentation de la taille des troupeaux limitant les possibilités de surveillance efficace, et de la diffusion entre élevages de la dermatite digitée de Mortellaro.

Une boiterie modérée avec un ulcère de la sole coûte en moyenne 350 € ! Aux coûts directs des traitements et frais de pareur/vétérinaire, s’ajoutent les coûts indirects :

- une baisse de production (de 5 à 36 % selon la sévérité) directement liée à la baisse d’ingestion par douleur et défaut de déplacement, et le déficit énergétique et l’éventuel état de cétose qui s’ensuivent

- une baisse de la fertilité avec une baisse de la réussite à l’IA, un allongement des intervalles vêlage- 1ère IA et vêlage-IA fécondante

- voire une réforme prématurée…

 

Lever le pied sous 24 heures : impératif !

95 % des boiteries ont leur origine au niveau du pied : inspecter celui-ci rapidement est  impératif pour limiter l’aggravation des lésions mais aussi ne pas hypothéquer les chances de guérison.

Levier le pied, c’est pouvoir retirer un éventuel cailloux encore sans conséquence, réaliser un parage fonctionnel pour rétablir la portance de chaque onglon et l’équilibre des charges, ou apporter des soins locaux sur certaines blessures. Passé le délai de 24 heures, des complications peuvent survenir.

Lever le pied, oui ; mais en toute sécurité ! Il faut donc s’équiper a minima.

L’origine des boiteries étant multifactorielle, un diagnostic précis des pathologies présentes au niveau du pied est obligatoire pour ensuite investiguer les facteurs de risque inerrants à chaque pathologie et présents dans l’élevage.

 

Repérer une vache boiteuse : plutôt facile !

Ce serait un affront que d’expliquer aux éleveurs les symptômes d’une vache boiteuse en mouvement. Celle-ci a une vitesse de marche ralentie, un rythme interrompu et irrégulier, une foulée moins longue, un port de tête modifié, un dos plus ou moins arqué, une réticence à l’appui du membre et une diminution du temps de l’appui de ce membre…

 

Mais comment repérer les vaches ayant besoin d’un parage préventif ?

Trois « inspections » à réaliser qui sont certes plus faciles au cornadis :

  • Le pointage des vaches se soulageant l’appui d’un membre…

    par lever partiel du pied ou report du membre vers l’extérieur du corps

  • L’observation de la ligne du dos = note de motricité

Une grille d’évaluation de l’arqure de la ligne du dos existe et permet de repérer les vaches « à problème ».

80 % des animaux doivent avoir une note de 1 ou 2, moins de 15 % une note de 3, moins de 4 % une note de 4 et moins de 1 % une note de 5.

  • L’observation de l’angulation des pattes (modifications des aplombs)

 

Ainsi, lors d’une séance de parage, il faut bien évidemment inclure les boiteuses, mais aussi les vaches présentant un ou plusieurs éléments cités ci-dessus, ainsi que les vaches ayant vêlé depuis 4 à 6 semaines, notamment les primipares (car plus sensibles aux pathologies du pied).

 

La résolution des boiteries en élevage passe par un audit débutant obligatoirement par le parage de 20 à 25 % du troupeau. Les lésions enregistrées permettent de mettre un nom sur les origines de boiteries de l’élevage. L’investigation des facteurs de risques de chaque typologie de boiterie permet de proposer un plan d’action.

Littoral Normand peut vous accompagner dans cette démarche avec une collaboration entre pareurs et vétérinaires conseil.

 

 

Jean-Michel CUMINET

Vétérinaire Conseil Littoral Normand

 

 

Panaris, Fourbure, Fourchet et Dermatite digitée de Mortellaro feront l’objet de 4 articles ultérieurs

 

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