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Méteils bio 2022 : résultats de notre enquête

Actualité24/02/2023Agriculture Biologique, FourragesBovins lait, Bovins viande

Les méteils peuvent jouer un rôle important dans l’autonomie protéique ainsi que dans la cohérence agronomique des systèmes en élevage ou polyculture élevage biologiques. Cet article propose, en synthèse, une partie des résultats de l’enquête sur les méteils menée au mois de décembre auprès des éleveurs biologiques normands.

Cet article propose, en synthèse, une partie des résultats de l’enquête sur les méteils menée au mois de décembre 2022 auprès des éleveurs biologiques normands. L’objectif est de mieux connaitre les pratiques et leurs résultats dans notre région pour essayer de capitaliser et partager les savoir-faire.

 
Une culture à double atout

Les associations de deux ou plusieurs cultures différentes, généralement céréales et protéagineux, sont communément appelées dans notre région « méteils ». Les atouts agronomiques des associations ont été démontrés depuis désormais des nombreuses années. Si on associe des espèces aux exigences nutritives différentes et à l’architecture racinaire et foliaire complémentaire, on optimise les ressources du sol et on réduit l’impact des ravageurs. De plus, étant très couvrant, le méteil ne nécessite pas d’intervention de désherbage mécanique. Le résultat est un rendement plus élevé et globalement plus stable sur les différentes campagnes par rapport aux mêmes cultures en pure, et sans interventions. Un atout particulièrement intéressant en AB.

Ces atouts agronomiques s’accompagnent d’un intérêt nutritionnel en élevage : grâce à la possibilité de jouer sur la proportion de céréale (énergie) et protéagineux (MAT) il est possible de produire sur la ferme un aliment adapté à ses propres objectifs.

Il n’y a pas mieux qu’une légumineuse pour introduire de l’azote dans le sol et des protéines dans l’alimentation des animaux. Et l’association avec une céréale en assure la réussite.

Les méteils (automne et hiver) chez les éleveurs bio normands

Nous avons souhaité analyser les pratiques des éleveurs bio normands concernant cette culture. Voici les éléments les plus remarquables issus de l’analyse de leurs réponses au questionnaire envoyé en août. Il s’agit d’une synthèse réalisée sur 71 fermes (20 pour le Calvados, 4 pour l’Eure, 32 pour la Manche et 15 pour la Seine-Maritime), avec les données issues de 90 parcelles de méteil récoltées en grain (correspondant à 665 ha) et 34 parcelles, en fauche (correspondant à 225 ha). Avec toutes les limites que cela représente nous pouvons dégager quelques indications intéressantes, à affiner les années à venir. Les données ont été traitées séparément pour les associations récoltées en grain et en fourrage.

Les méteils utilisés par les éleveurs sont très variés : nous avons compté 34 compositions de méteils sur 90 parcelles récoltées en grain et 23 compositions pour 34 parcelles en récolte fourrage.

En grain, l’association la plus utilisée est Orge + Pois protéagineux (119 ha), Triticale + Pois fourrager (93 ha) et Triticale + Féverole (82 ha). Pour les méteils récoltés en fourrage il n’y a pas véritablement d’association qui s’impose, sauf l’association hyperprotéagineux Féverole + Pois protéagineux, souvent utilisée pour implanter une prairie.

Effet année : la réponse des méteils aux conditions climatiques est opposée. En 2022 les rendements des méteils grain (tous confondus) a été de + 20% par rapport à 2021 (printemps froid et humide), en récolte grain, et de – 18% pour les méteils, en récolte fourrage.

 

 

>>> Choix des espèces : Comme l’an dernier le triticale et le pois sont les espèces les plus fréquemment utilisées dans les méteils grain. Les données de cette année confirment que le rendement des méteils à base de triticale pois est meilleur en récolte grain (même si l’écart de cette année est plus faible il reste statistiquement significatif) et comme l’année dernière la présence de ces 2 espèces n’améliore pas le rendement en récolte fourrage.

 

 

>>> Nombre d’espèces : l’augmentation du nombre d’espèces améliore le rendement. Les méteils grain sont le plus souvent limités à deux espèces. Dans le cas de produits destinés à l’autoconsommation (pas d’enjeu de triage) la limitation à deux espèces n’est donc pas forcément justifiée. Pour les méteils destinés à la récolte en fourrage cette année n’a pas été favorable, et l’augmentation du nombre d’espèces n’a pas eu l’effet espéré de stabilisation du rendement.

 

 

>>> Assolement : l’année dernière nous avions constaté que le niveau de potentiel de la parcelle jouait plus sur les rendements fourrage que sur les rendements grain. A cause de la particularité de cette campagne nous ne pouvons pas confirmer cette année que le choix de l’implantation d’un méteil grain permettrait de mieux valoriser les parcelles à faible potentiel ;

>>> Rotation : les résultats de l’enquête montrent clairement que la place idéale du méteil grain dans la rotation est derrière le maïs. Le précédent méteil et prairie naturelle donnent de rendements inférieurs ;

>>> Apports : les apports organiques améliorent les rendements. Les données de cette année confirment les observations de l’an dernier, à savoir que cet effet est plus prononcé sur les parcelles à potentiel moyen pour la récolte grain, et sur les parcelles à fort potentiel en récolte fourrage (clé d’arbitrage entre parcelles dans le cas de disponibilité limitée).

>>> Destination : les éleveurs biologiques ne choisissent pas les espèces en fonction de la destination, alors que les besoins des différentes catégories d’animaux (exemple : veaux et vaches laitières) ne sont pas les mêmes. Un travail dans ce sens pourrait contribuer à améliorer les résultats techniques en élevage biologique.

Focus méteils de printemps

Même si l’état des parcelles de cette année a favorisé les semis précoces en sortie d’hiver, il est encore temps de semer des méteils de printemps. Dans notre enquête, les associations de printemps sont moins fréquentes que celles d’automne (25 % des méteils fourrage et 20 % des méteils grain). Elles sont semées en février ou mars. Les rendements sont inférieurs par rapport aux méteils d’hiver mais sécurisent davantage l’implantation des praires sous couvert.

 

Méteils fourrage de printemps

Pour les récoltes fourrage le méteil de printemps le plus utilisé est féverole + pois protéagineux. Il est semé à une dose moyenne de 155 kg/ha. Cette dose, qui peut paraitre faible, s’explique par l’utilisation de ce méteil pour semer une praire sous couvert.

Voici quelques témoignages d’agriculteurs qui ont répondu à notre enquête :

« Le méteil permet d'implanter une prairie sous couvert, ce qui sécurise la première fauche, en quantité et également en qualité ».

« Le méteil est facile à conduire en bio. Démarre bien en semis de printemps. En fourrage il permet l’implantation de prairie sous couvert. Bon rendement mais valeur alim moyenne ».

« Le fait de mélanger les espèces permet de contrôler les maladies. Le méteil fourrage permet de sécuriser le bilan fourrager avec le volume. En revanche le fourrage est assez pauvre en UF pour faire du lait ».

« Je pratique une rotation : prairie - mais - orge pois grain- pois fèverole ensilage avec prairie sous couvert. L’implantation prairie sous couvert fonctionne bien. Cependant, les semences de pois et féverole sont chères donc j’ai essayé l’implantation sous couvert d’avoine et ça fonctionne bien. Cela dit, le méteil est bien pour la ration et la rotation ».

« Le méteil permet d'éviter le salissement. Il permet aussi de semer une prairie dedans au printemps. Attention à ne pas trop avancer en stade de récolte pour éviter la chute de qualité. Il est parfois compliqué de trouver la semaine avec les bonnes conditions météo pour la récolte ».

 

 

 

 

Méteils grain de printemps

La grande majorité des parcelles et la moitié des surfaces en méteils grain de printemps sont semées avec l’association orge + pois protéagineux, avec une densité de semis moyenne de 200 kg/ha. La destination est l’alimentation des vaches laitières et des génisses.

« Méteil grain mieux que céréales pures car pas d'équipement pour le désherbage ».

Ceci est la deuxième année de résultats et nous avons eu 20% de réponses de plus par rapport à l’année dernière !
La poursuite de l’enquête sur plusieurs campagnes nous fournira des indications sur la stabilité des rendements des différents mélanges et plus d’informations sur les associations les plus sécurisantes.

 

 

Maddalena MORETTI

Conseillère Référente Agriculture Biologique

maddalena.moretti@littoral-normand.fr  

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