« Cette année, j’ai changé mon système pour diminuer mon temps de travail et mieux valoriser les surfaces en prairies naturelles. En effet, à la suite de soucis de main d’œuvre et vu la difficulté à trouver un salarié, j’ai décidé de diminuer la taille de mon troupeau de Normandes en passant d’une centaine de vaches à 80. J’ai également modifié mes vêlages en groupant ces derniers au printemps, et en utilisant des mères nourrices sur les veaux mâles ou croisés qui sont vendus à 15 jours-3 semaines. Ce nouveau système me permet d’arrêter de traire de Noël à début mars. Ma première année en vêlages groupés et sans maïs fourrage a été une réussite surtout avec l’année qui était propice au pâturage.
Au niveau du pâturage, j’ai 41 ha accessibles pour mes vaches, dont 6 ha qui sont principalement dédiés à la fauche et ouverts aux animaux uniquement si la pousse de l’herbe est insuffisante. Les terrains sont humides et peu portants au printemps. Selon la quantité d’eau en hiver, les animaux peuvent sortir en janvier, ou attendre mars si le temps ne le permet pas. Cette année par exemple, les vaches ont commencé à sortir le 25 mars la journée et à partir du 15 avril, nuit et jour. Le gros avantage de mon parcellaire, ce sont mes chemins d’accès bétonnés qui desservent les paddocks. Avec plus d’1 km de chemins, la sortie des animaux quand le temps est pluvieux est moins problématique.
Le début de saison 2024 a été compliqué. En effet, la saison de pâturage 2023 s’est terminée début novembre, avec un stock d’herbe sur pied important au printemps puisque les animaux sont rentrés en bâtiment plus vite que prévu. J’ai mis un lot de génisses avant la sortie des vaches pour dépouiller les parcelles assez vite. Malgré les sols peu portants, les génisses sont restées avec un temps de présence court pour ne pas abîmer les parcelles. Il n’y a donc pas eu de conséquences pour la suite de la saison sur la qualité des parcelles, bien au contraire. Sans exploitation rapide, les vaches auraient eu trop d’herbe avec une qualité moyenne et pas de trèfle. J’essaie vraiment de saisir les opportunités météo quand c’est possible.
Le début de saison a été rythmé par les vêlages. Pour complémenter les débuts de lactation, les vaches ont eu une petite ration à l’auge avec du maïs épis, de l’orge, de la fibre et un peu de colza. Cette ration permet de sécuriser les débuts de lactation pour les maintenir en état et assurer une bonne fécondité. Sur la suite, la pousse de l’herbe a été régulière et importante. Les vaches sont restées sur les paddocks une demi-journée à 2 jours selon la taille des parcelles et la croissance de l’herbe. Parfois, je peux gérer avec un fil avant si la pousse est trop importante.
Pour la fin de la saison, j’espère que la pluie n’arrêtera pas le pâturage trop rapidement. Je ne regrette pas mon changement de système, cela me permet de mieux gérer mon temps de travail. »