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L'observatoire de l'herbe : optimiser le pâturage d'automne

Actualité20/09/2022Agriculture Biologique, Observatoire de l'herbe, PrairiesBovins lait, Bovins viande

Malgré des températures au-dessus des normales pour ce mois de septembre, la Normandie a tout de même eu quelques précipitations. Une diminution de la sécheresse des sols est donc entrevue avec tout de même une disparité régionale forte et une incertitude présente quant à l’intensité de cette amélioration.

 

Avec le retour de l’automne dans quelques jours, on espère également le retour des pluies pour favoriser les repousses de l’herbe. Les quantités espérées ne sont pas négligeables et les valeurs alimentaires peuvent être comparables à celles du printemps. Avec un regain riche en protéine, il faut choisir la conduite la plus adaptée à son système pour valoriser cette pousse au maximum.

La fauche peut être envisagée si des créneaux favorables le permettent. Sinon, la solution du pâturage reste une valeur sûre à condition que certaines règles soient respectées. En cas de mauvaise portance du sol, le temps de présence à l’extérieur doit être réduit. A cette époque, la pratique du pâturage tournant est idéale pour maitriser et optimiser la production de la prairie. Pour cela, il faut mesurer la hauteur de l’herbe, avec un herbomètre, ou utiliser des repères avec les bottes ce qui permet, dans les deux cas, de vérifier la pression de pâturage, ne pas gaspiller d’herbe et préparer les cycles suivants.

De septembre et jusqu’à fin octobre environ, le repère à prendre en hauteur d’entrée est de 8 à 12 cm. Des maladies comme la rouille peuvent pénaliser l’appétence et la valeur nutritive, mais tout doit être consommé ! Il faut faire pâturer tout ce qui pousse pour favoriser le tallage pendant l’hiver et donner de la lumière au trèfle. Attention tout de même à ne pas surpâturer, le ray-grass anglais pourrait être pénalisé puisqu’il renouvelle ses racines à l’automne.

Témoignage : Emilie MACE, Beuzeville (27210)

Eleveuse ovine, ma troupe est constituée de 320 brebis de race Texel qui ont accès à 47 ha de prairies permanentes. Je conduis mes brebis en deux lots car j’ai deux périodes de mise bas. Le 1er lot est constitué de 130 brebis qui sont en pâturage tournant dynamique (PTD) à partir du 15 mars. Les agneaux de ce lot sont sevrés autour du 1er juin. Les 170 autres brebis sont en PTD à partir du 1er mai pour des agneaux sevrés fin juillet. Les brebis restent deux jours par paddock avec un objectif de retour minimum de 21 jours. Les paddocks sont dimensionnés chaque année en fonction du nombre de brebis par lot, ils mesurent en moyenne entre de 0,5 à 1 ha.

Cette année le premier lot a pu bénéficier d'une pousse d'herbe relativement convenable et les agneaux avaient au sevrage un poids moyen de 36 kg. Les brebis ensuite n'ont pas perdu d'état même lors d'un manque de nourriture.

Le second lot a plus souffert, les brebis étant allaitantes lors de la période des fortes chaleurs pendant laquelle la pousse d'herbe était nulle. Elles étaient plus fragilisées et n'ont pas bien géré le parasitisme. Il a fallu sevrer les agneaux 1 mois plus tôt afin de les soulager et de limiter leur perte d'état. 

La sécheresse a engendré une rentrée en bergerie des agneaux pour l'engraissement plutôt que de les engraisser en pâture afin de laisser la place aux brebis et garder de l'herbe sur pied pour la lutte. 

Les brebis ont donc réalisé le flushing dans du foin sur pied et j'ai fait le choix de ne faire que de petits lots de lutte (15 brebis/bélier).

Depuis la pluie est revenue et l'herbe repousse, je crains que la prolificité ne soit pas au rendez-vous. Affaire à suivre !

 

Alix PFAFF et Elodie BRASIL

Chambre d’Agriculture de Normandie

 

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