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Les règles d’or du semis sous couvert

Actualité24/01/2023Agriculture Biologique, Fourrages, PrairiesBovins lait, Bovins viande, Equins

On sème une prairie après une culture ou pour refaire une prairie dégradée. Dans les deux cas, pour un semis de printemps, on perd de la production de fourrage sur la période qui est la plus favorable à la pousse. Une technique ancienne mais toujours d’actualité peut être mise en place pour éviter cet écueil : le semis sous couvert.

En attendant les résultats de l’essai mis en place cette année, voici les résultats concluants des années précédentes d’expérimentation du Programme Reine Mathilde.

Le climat change et on sait désormais que le démarrage plus précoce de la période favorable à la pousse au printemps permet de limiter les dégâts liés à la sècheresse estivale, de plus en plus marquée et prolongée. Il faut donc être opportuniste et profiter de cette période pour sécuriser les bilans fourragers. Le semis de prairie sous couvert est un exemple de pratique qui permet de maximiser la production de fourrage au moment favorable à la pousse. Le schéma résume bien la technique d’un point de vue général et les différentes options.

 

 

On peut sursemer la prairie au printemps si le méteil a déjà été implanté seul à l’automne, ou alors semer simultanément les deux cultures (méteil et prairie) à l’automne ou au printemps.

 

Les règles d’or du semis sous couvert

Printemps ou automne, sursemis ou semis en simultané, la clé de réussite de cette technique consiste à trouver le bon compromis pour la coexistence entre les deux cultures. Les essais réalisés pendant plusieurs années au GAEC Guilbert à Tracy Bocage (14) dans le cadre du Programme Reine Mathilde nous donnent des règles simples qui permettent de limiter la concurrence. Pour ce faire il faut privilégier :

1 - le semis de la prairie au printemps (en sursemis ou en semis simultané) plutôt qu’à l’automne, pour limiter la durée de la concurrence mais aussi pour sécuriser l’implantation des légumineuses plus sensibles au gel ;

2 - la récolte en ensilage du méteil plutôt que la récolte en grain, pour libérer la prairie plus tôt ;

3 – la réduction de la dose de semis du méteil, d’autant plus forte quand le méteil est constitué d’espèces agressives (orge, avoine par exemple) et surtout pour les semis d’automne.

Après un semis de printemps, le roulage de la prairie est nécessaire pour sécuriser la levée.

 

Le méteil « hyperprotéagineux » – les meilleurs résultats après 3 ans d’essai

Plusieurs méteils ont été testés en tant que cultures associées à la prairie pendant le programme Reine Mathilde au GAEC Guilbert. Les meilleurs résultats en termes de réussite d’implantation de la prairie, et de production globale à la parcelle ont été obtenus avec un méteil dit  « hyperprotéagineux » parce que constitué d’une association de pois protéagineux et féverole.

Voici les doses de semis utilisées pour le méteil et pour la prairie, avec l’appréciation globale de la parcelle la première année. Le rendement du méteil a été en 2014 d’environ 10 T MS/ha.

 

Les valeurs alimentaires pour ces ensilages de méteil hyperprotéagineux ne sont pas disponibles mais à titre de comparaison les mêmes méteils semés sans prairie et récoltés toujours en ensilage peuvent aller de 140 à 185 g de MAT avec des rendements variables entre 5,5 et 10 TMS/ha en fonction de l’année. Le pois protéagineux est plus intéressant par rapport au fourrager parce qu’il est possible d’augmenter sa dose avec moins de risques de verse. La féverole joue le rôle de tuteur.

 

Semis de luzerne sous couvert d’orge

C’est un grand classique des rotations céréalières biologiques. Il est très souvent réalisé avec de l’orge de printemps. Le semis de la luzerne (20/25 kg/ha) se fait au semoir à céréales ou à la volée profitant du dernier passage de désherbage mécanique. Dans ce cas comme dans le cas d’une prairie multi espèce, le roulage améliore le taux de réussite.

On sème la luzerne sur l’orge de printemps au stade 3 feuilles si le semis de l’orge a été fait de bonne heure. S’il a été repoussé pour cause de force majeure on peut semer la luzerne en même temps que l’orge, pour éviter de trop pénaliser la légumineuse avec un semis trop tardif.

 

Dans les zones les plus humides et fertiles (littoral de la Manche et de Seine-Maritime) cette technique risque de gêner la récolte de l’orge à cause d’une moisson plus tardive et d’un développement trop important de la luzerne. Pour limiter ce problème on pourrait se tourner plutôt vers l’orge d’hiver. Dans le cas extrême d’une moisson trop « verte » il est aussi possible de faucher l’orge et d’attendre qu’il sèche avant de le moissonner. Cela fera une paille plus intéressante pour l’alimentation des animaux.

 

Maddalena MORETTI

Conseillère Référente Agriculture Biologique

maddalena.moretti@littoral-normand.fr  

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