La prévention du risque de parasites internes (digestifs et respiratoires) et externes des bovins est primordiale pour les génisses dont l’immunité n’est pas encore optimale. Cette prévention permet de limiter l’impact des parasites sur la santé et les performances zootechniques, donc sur la rentabilité de l’élevage.
Prévention des strongles herbagers
- Si la gestion du risque de Douve et/ou Paramphistome s’envisage à la rentrée en bâtiment, celui des strongles herbagers se gère dès, ou rapidement après, la mise à l’herbe.
Strongles digestifs
- L’objectif de la stratégie antiparasitaire est de permettre l’installation d’une immunité protectrice (par contact avec les strongles) tout en limitant l’impact qu’aurait un trop fort contact et donc une trop forte infestation (retard de croissance, diarrhées, voire dégradation de la santé… donc impacts économique et zootechnique). C’est une question d’équilibre !
- En début de saison, il existe une contamination résiduelle post-hivernale sur toutes les pâtures. La génisse « naïve » va tout d’abord multiplier les parasites (recyclage parasitaire) ; puis l’immunité qui se crée va progressivement bloquer le développement des parasites.
Prévention du risque :
- Mesures agronomiques préventives : ne pas mélanger au pâturage des animaux d’âges différents (le mélange des jeunes animaux avec des animaux ayant déjà pâturé entraînera une contamination plus rapide des plus jeunes), réserver les parcelles les moins contaminées aux jeunes animaux (prairies semées au printemps, regains après fauche), rotations sur les parcelles, éviter le surpâturage, complémenter au besoin.
- Stratégie antiparasitaire adaptée à chaque élevage, chaque lot et à chaque année (météo évolutive) :
- Il n’y a pas de plan de prévention antiparasitaire standard !
- Il doit être raisonné et adapté, avec l’aide et la prescription de votre vétérinaire, à chaque élevage et à chaque lot selon le moment de la mise à l’herbe, l’âge des animaux, la prévention mise en place l’année précédente, le climat de l’année, la conduite du lot au pâturage, etc…mais aussi en fonction de la durée d’action des molécules, les voies d’administration, les moyens de contention et le coût.
- Même si des traitements préventifs sont réalisés, il est primordial de rester vigilant et de surveiller notamment les « 1ères année de pâturage » afin de réagir rapidement aux premiers signes cliniques (toux, diarrhées, poils piqués, …).
- Toutefois, des principes de base peuvent être cités :
- jeunes bovins de 1ère année de pâture : traitement préventif incontournable pour contrôler l’infestation le temps de l’acquisition d’une immunité. 3 grands choix de stratégies à étudier avec votre vétérinaire :
- Utilisation d’un bolus ou d’un injectable longue action qui protègent la majeure partie du pâturage. Il faut dans ce cas s’assurer que la protection apportée se termine au moins 1 à 1,5 mois avant la rentrée afin de permettre un contact bovin-parasite et le développement d’une immunité.
- Des produits rémanents 3 à 5 semaines « pour-on » ou injectables. Généralement, le premier traitement s’envisage 4 semaines après la mise à l’herbe.
- Des produits à action courte répétés au cours de la saison de pâturage avec idéalement changement de pâture.
- animaux de deuxième année de pâture : l'installation d'une certaine immunité l’année précédente permet de limiter les traitements préventifs qui sont à raisonner en fonction des traitements de rentrée en bâtiment (l’année précédente), du types de prairies pâturées (« neuves » -retournées ou non pâturées depuis 2 ans-, après fauche, etc.) et du climat de l’année.
Strongles respiratoires
Ils sont « gérés » simultanément par les traitements préventifs antiparasitaires des strongles digestifs cités ci-dessus.
Toutefois, l’immunité contre ces strongles respiratoires étant soit pas encore installée au début de pâturage en 1ère année, soit de courte durée et donc à nouveau très basse en début de 2ème année, il faut toujours rester vigilant.
Le diagnostic de certitude passe par la réalisation d’une analyse de bouse (coproscopie) avec votre vétérinaire. Un résultat positif nécessite des mesures préventives.
Autres parasites à éventuellement gérer :
- Vigilance lors de la survenue d’un épisode de coccidiose
Surveillance de la survenue éventuelle d’une forte diarrhée 3 à 5 semaines après la mise à l’herbe malgré la gestion des strongles (vermifuge) : il peut s’agir une « poussée » de coccidiose plus spécifique du pâturage, notamment à Eimeria alabamensis.
Diarrhée après la mise à l’herbe rime plus rapidement dans nos esprits avec excès d’eau/azote de l’herbe ou début de strongles digestifs. Au moindre doute, une analyse de bouse (coproscopie) s’impose pour affiner le diagnostic avec votre vétérinaire.
- Prévention de la piroplasmose dans les parcelles connues comme « à risque »
Une prévention médicale du « pissement de sang » est possible pour les animaux fréquentant des parcelles concernées par cette pathologie. Cette prévention médicale ne doit pas écarter la lutte écologique : éviter les « hautes herbes », reculer les clôtures adjacentes à un bois ou sous-bois.
- Traitement préventif contre les mouches et autres parasites externes (taons, moucherons, tiques, acariens, etc.) : à adapter selon la précocité de leur apparition et leur importance en nombre et/ou désagréments (perte de GMQ, kératites, piqûres). Il faut raisonner les traitements insecticides sur les animaux en fonction du réel besoin.
Jean-Michel CUMINET
Vétérinaire Conseil - Littoral Normand