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Les complications des corps étrangers chez les bovins

Actualité22/07/2021Santé animaleBovins lait, Bovins viande

L’ingestion de morceaux de métaux chez les bovins est très fréquente. Les conséquences peuvent être mineures comme extrêmement sévères avec des pertes économiques conséquentes du fait de graves complications.

La réticulo-péritonite traumatique (RPT), nom médical pour exprimer cette pathologie induite par l’ingestion de « ferraille », est une affection commune des bovins due à la perforation de la paroi du réseau par des corps étrangers provoquant, a minima, une inflammation et une infection localisées.

Très fréquent 

C’est la cause la plus fréquente de douleur abdominale en position crâniale – partie vers l’avant de l’animal - chez cette espèce. Ainsi 80% des bovins sains présentent au moins un corps étranger dans le réseau et 50% des animaux abattus ont des signes plus ou moins importants de RPT.

 

Cette fréquence élevée est due à :

- deux particularités de leur comportement alimentaire : une prise d’aliments très peu sélective et une mastication partielle avant déglutition, puisque la mastication plus importante interviendra ultérieurement lors de la rumination ; de ce fait les corps étrangers dans les fourrages ne sont pas toujours perçus et recrachés ;

- un environnement des bovins comportant, notamment en bâtiment, tout un univers d’éléments métalliques ;

- des particularités anatomiques du réseau : une paroi très alvéolée qui facilite « l’accroche » du corps étranger sur la muqueuse ; et une musculature puissante qui facilite la perforation de la paroi du fait des contractions.

 

Les corps étrangers les plus courants sont les bouts de fils de fer tordus et acérés, les clous, les aiguilles, les éclats de métal dans les ensilages, bouts de clôture, les morceaux d’armature métallique de pneus couvrant les silos, etc.

 

Un tableau clinique évocateur

Les principaux signes initiaux sont une douleur au déplacement, un dos courbé, un ventre relevé, une légère hyperthermie (qui pourra s’accentuer avec les complications), une baisse d’appétit, une météorisation chronique (contractions du rumen perturbées) et une chute de la production laitière.

 

Dans le meilleur des cas, l’inflammation reste localisée à la paroi du réseau. Mais souvent, la perforation complète de la paroi du réseau et la pénétration du corps étranger dans la cavité abdominale ou thoracique engendrent de potentiels dégâts à des organes adjacents, et les lésions varient en fonction du trajet suivi.

 

Des complications potentiellement graves

Le foyer infectieux primaire peut gagner des organes thoraciques ou abdominaux, d’où l’étendue des complications graves possibles : indigestion par paralysie du nerf vagal, péricardite (atteinte du cœur), pleurésie et pneumonie, abcès pulmonaires, abcès de la rate ou du foie, diffusion par voie sanguine de l’infection (arthrites, atteinte des valves cardiaques, des reins…).

L’issue du traitement médical est incertaine. Le traitement chirurgical reste lourd. Le pronostic dépend de l’endroit où a migré le corps étranger et des lésions engendrées. L’euthanasie de l’animal pour non-valeur économique ou sa mort ne sont pas rares.

 

Mieux vaut prévenir que guérir !

Il est judicieux de faire avaler un aimant préventif aux génisses de plus de 10 mois avant leur entrée dans la vie productive ; ceci à l’occasion d’une contention pour une raison quelconque (traitement, vermifuge, IA, etc.). Cet aimant reste dans le réseau généralement la vie entière de l’animal et permet de capter les corps étrangers ferromagnétiques.

Il faut aussi limiter les sources d’éléments métalliques dans l’environnement des bovins : utilisation de machines agricoles équipées de puissants aimants (notamment les ensileuses et mélangeuses), bannir les pneus dans les silos, vigilance accrue lors de travaux de clôture ou de bâtiment.

 

Jean-Michel CUMINET

Vétérinaire Conseil – Littoral Normand

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