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Le pâturage, tout un art !

Témoignage20/01/2020Prairies, Qualité du lait, NutritionBovins lait, Bovins viande

Optimiser la production des prairies, c’est un levier couramment utilisé pour maîtriser le coût alimentaire.

Cela implique des choix à faire pendant l’hiver, des investissements pour aménager le parcellaire et un pilotage tout au long de l’année. Il convient également de faire le bilan en fin d’année sur les enseignements à retenir pour les années suivantes.

Les choix de l’hiver

La réussite d’une saison de pâturage se détermine en hiver ! La taille moyenne des parcelles, la localisation des points d’eau, la pose des clôtures sont autant de choix qu’il faut faire avant le commencement de la saison de pâturage. Les dessins d’aménagement du parcellaire nécessitent en général une demi-journée de travail et reposent sur la taille des parcelles donc sur le choix de temps de séjour des animaux dans une même parcelle et la quantité de fourrage distribué à l’auge.

 

MS/VL

8 kg

4 kg

0 kg

1 jour

1

1,2

1,4

3 jours

3

3,6

4,2

Tableau 1 - Surface nécessaire en ares/ VL selon le niveau de complémentation à l’auge et le temps de séjour dans la parcelle.

 

TEMOIGNAGE d’EMMANUEL LEFEVRE, EARL DES CARRIERES À MESNIL MAUGER EN PAYS DE BRAY (76)

Pourquoi avoir démarré un suivi Pâture+ en 2019 ?

Ça fait 3 ans que je travaille avec un fil avant dans mes parcelles. J’ai bien vu que ça stimulait la consommation des vaches mais j’avais le sentiment que je pouvais encore mieux valoriser mes parcelles. J’ai 30 ha accessibles pour 60 à 70 VL. Je voulais savoir quand faucher et sur quelle surface.

Quels sont les éléments marquants de la saison 2019 ?

Tout d’abord, dès les mesures de hauteur d’herbe faites par mon conseiller, je vois tout de suite l’avance que j’ai. Cela m’a permis de fermer le silo pendant 3 mois entre le 15 avril et le 15 juillet. C’est 81 tonnes (brutes) de maïs économisées et plus de 6 tonnes de correcteur (mélange soja colza à 50%). Les vaches ont légèrement baissé mais vu le coût de la ration, il n’y a pas à hésiter. Avec la sécheresse, les 80 tonnes compensent les rendements inférieurs de cette année mais l’économie en correcteur est acquise. On a commencé à enregistrer un planning de pâturage papier mais je suis curieux de connaître la production des parcelles quand on aura fini la saisie sur PâturNET. En fermant le silo, j’ai arrêté de désiler en toute sécurité. C’est une satisfaction car pour moi c’est une activité routinière et ça m’a dégagé du temps au printemps pour me former (notamment groupe d’échange sur le pâturage) et mieux suivre les interventions au printemps.

Quelles sont vos perspectives pour la nouvelle saison de pâturage ?

Démarrer plus tôt le pâturage et affiner la stratégie de fauche au printemps pour bien valoriser la pousse au printemps. Cet automne, après la sécheresse, j’ai laissé les vaches dans les parcelles mais cela a entrainé du gaspillage. Je réfléchis cet hiver aux accès aux parcelles pour le confort des vaches et valoriser le plus longtemps possible la pousse d’automne.

Ainsi, pour un troupeau de 80 VL et un temps de séjour dans une parcelle de 3 jours et une demi-ration à l’auge, il faut des parcelles d’une taille moyenne de 2,9 ha.

Une étude récente sur les coûts d’aménagement des parcelles indique qu’il faut prévoir environ 250 €/ha pour refaire à neuf toutes les clôtures et les points d’eau. Dans le cadre d’un aménagement de l’existant, le coût d’aménagement est de l’ordre de 150 €/ha, comptant sur la valorisation des installations existantes.

Le facteur déterminant est l’aménagement des chemins car les VL doivent pouvoir circuler aisément et confortablement pour accéder aux parcelles. Plusieurs solutions existent dont les coûts varient de 3 à 15 €/m² selon les matériaux utilisés et la durabilité du chemin.

Le suivi tout au long de l’année

Une fois le parcellaire bien découpé, la réussite du pâturage va consister en une offre d’herbe de bonne qualité nutritionnelle et appétente pour inciter les VL à le consommer. Pour cela, il convient de prendre des décisions qui intègrent la croissance des prairies (par définition irrégulière tout au long de l’année). La méthode du stock d’herbe disponible permet d’objectiver ces décisions. Cette méthode repose sur la mesure avec un herbomètre des biomasses disponibles à un instant donné dans les prairies, de traduire ces hauteurs en nombre de jours de pâturage, avec ou sans complémentation, et de comparer aux références pour ajuster l’offre ou la demande.

Le bilan de fin d’année

Vous êtes nombreux à noter dans un agenda ou sur un calendrier de pâturage les informations concernant les parcelles pâturées, éventuellement avec la ration distribuée à l’auge. Toutes ces informations sont précieuses car elles permettent de mesurer la productivité des prairies (via le pâturage et/ou la fauche) ainsi que les temps de retour sur parcelles, l’évolution des jours d’avance au fur et à mesure et la gestion des hauteurs entrées et sorties. Pour intéressantes qu’elles soient, ces informations nécessitent un temps conséquent pour les produire, ce qui fait qu’en pratique, ces informations sont peu calculées. C’est tout l’intérêt de l’outil PâturNET développé par les Conseils Elevage de Franche Comté. Cet outil possède 4 modules tout aussi intéressants les uns que les autres :

 

1- Calendrier de pâturage (alimentation distribuée + présences des animaux dans la parcelle)

2- Calcul de Stock d’herbe

3- Prévision d’organisation du pâturage pendant 2 périodes de 15 jours chacune

4- Valorisation des enregistrements (exemple : production d’herbe entre le 25/02/2019 et le 10/07).

 

La conduite du pâturage est en phase avec de nombreuses attentes des laiteries et plus largement des filières (lait et viande) et des consommateurs. Elle est aussi en phase avec la rentabilité de vos exploitations. C’est tout le sens du service Pâture+ dans lequel nous mettons nos compétences et nos outils à votre disposition.

Olivier Leray

Référent Chef Produit Fourrages

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