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La prévention de la coccidiose des veaux

Actualité29/06/2020Génisses, Santé animaleBovins lait, Bovins viande

La coccidiose engendre des pertes zootechniques chez les jeunes bovins, et de fait des pertes économiques pour l’exploitation. Largement répandue et parfois sous-diagnostiquée, sa prévention suppose la maîtrise des facteurs de risque.

La coccidiose engendre des pertes zootechniques chez les jeunes bovins, et de fait des pertes économiques pour l’exploitation. Largement répandue et parfois sous-diagnostiquée, sa prévention suppose la maîtrise des facteurs de risque.

 

La coccidiose est une maladie parasitaire due à une infestation par des protozoaires parasites de l’intestin occasionnant une destruction des cellules intestinales et dont les « œufs » sont très résistants dans les bâtiments d’élevage (plus d’un an). Elle affecte surtout les veaux entre 3 semaines et 6 mois d’âge. Le pic d’expression de la maladie se situe généralement autour du sevrage. Sa prévalence approche les 90 % en élevage laitier et allaitant mais seulement 20 à 25 % sont confrontés à la coccidiose clinique.

 

La forme chronique, la plus fréquente, représente 80 % des cas. Aux symptômes parfois discrets, elle est souvent sous diagnostiquée : c’est la partie immergée de « l’iceberg coccidiose ». Elle occasionne des fèces plus molles, une zone arrière sale des animaux, un poil piqué, des pertes de croissance (GMQ), des lots d’animaux hétérogènes, du pica (trouble alimentaire avec ingestion d’éléments non comestibles).

Lors de la forme aigüe, potentiellement mortelle, les veaux sont abattus, légèrement déshydratés, anémiés, avec une diarrhée plus sévère, aux matières fécales noires puis teintées de sang en nature, et avec des efforts prolongés de défécation.

Le diagnostic repose sur la réalisation d’un analyse coproscopique (recherche d’œufs de coccidies) sur les prélèvements de fèces de 5 animaux du lot suspect.

 

La prévention médicale permet dans les élevages fortement impactés de limiter les pertes zootechniques tout en permettant le développement d’une immunité protectrice. Elle consiste en l’application d’un anticoccidien (sous avis et prescription vétérinaires) en amont de la période à risque de l’élevage qui peut varier d’un élevage à l’autre : vers 6 semaines de vie, au sevrage, à la mise à l’herbe, etc.

 

L’autre volet tout aussi important de la prévention est d’éviter tous les facteurs de risque :

  • L’ingestion massive d’œufs (ookystes) de coccidies issus de l’excrétion de lots précédents d’animaux qui ont « pollué » le logement sans que celui-ci n’ait fait l’objet :
  • d’une désinfection (avec une produit ookysticide) et d’un vide sanitaire
  • d’une conduite hygiénique optimale : paillage suffisant et fréquent, curage régulier, environnement propre et sec, ambiance et ventilation correctes, lots homogènes en âge, hygrométrie élevée, pas de fuites d’eau, pas de surdensité animale, hygiène des auges et abreuvoirs…

 

  • Puis la multiplication massive des coccidies chez les veaux ayant ingéré ces œufs du fait de certains éléments favorisants, notamment :
  • Des déséquilibre alimentaires : déséquilibre en azote et/ou énergie, transition trop brutale, mise à l’herbe trop précoce et/ou sans transition.
  • Le cumul de stress : stress physiques (allotement, écornage, castration, changement de lot, de bâtiment, traitements et vaccination, etc.), stress alimentaires (sevrage, changement brutal d’aliment, défaut d’abreuvement…), stress thermique (matins « frileux » de la mise à l’herbe, courants d’air récurrents).
  • La présence d’autres parasites simultanément : notamment strongyloïdes (en élevage laitier), ascaris (en élevage allaitant), giardia.
  • Des situations d’immunodéficience : défaut de distribution de colostrum, maladies intercurrentes (troubles respiratoires, diarrhées infectieuses, BVD…), manque de complément minéral et vitaminé…

 

La coccidiose, à l’expression clinique parfois peu visible, engendre à l’opposé des pertes économiques conséquentes. Sa maîtrise zootechnique repose sur la maîtrise des facteurs de risque identifiés dans chaque élevage.

 

Jean Michel CUMINET

Vétérinaire Conseil – Référent Génisses Littoral Normand

 

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