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La non-délivrance ou rétention placentaire

Actualité18/01/2021Reproduction, Santé animaleBovins lait, Bovins viande

Cette pathologie survient chez 5 à 10 % des vaches laitières ce qui constitue une fréquence plus élevée que dans les autres espèces.

 

La rétention placentaire correspond à la non-expulsion de toutes ou d’une partie des enveloppes fœtales dans un délai de 24 heures après vêlage. Elle constitue un facteur déterminant dans l'apparition de métrites et de troubles de fertilité.

 

Une prédisposition anatomique et des facteurs prédisposants

 

La placentation cotylédonaire, avec une imbrication étroite du placenta et la muqueuse utérine au niveau de cotylédons, est un élément prédisposant les bovins à la non-délivrance.  Au cours du dernier mois de la gestation, le placenta est le siège de remaniements histologiques et biochimiques qui aboutissent à la « maturation placentaire ». Cette maturation peut néanmoins être perturbée. Certains éléments prédisposent à cette pathologie :  

- un avortement, un vêlage prématuré spontané ou un vêlage déclenché volontairement par convenance ou par nécessité pour la survie du veau ou de la mère,

- un vêlage dystocique (c’est-à-dire avec difficultés) avec intervention humaine

- une gestation de jumeaux,

- une hypocalcémie subclinique (avec une vache non tombée mais aux contractions musculaires, donc utérines, limitées),

- une infection du placenta par des bactéries, virus ou champignons,

-  une pathologie chez la vache parturiente à l’origine d’hyperthermie,

- et enfin des troubles nutritionnels : notamment excès d’état corporel (NEC >4), déficit en calcium ou magnésium, carence en oligo-éléments (notamment le sélénium) et/ou vitamines.


Conséquences plus ou moins sévères

 

  • Au niveau sanitaire

Dans la plupart des cas, il n’y a aucun symptôme avant l’observation de ceux liés à la toxémie qui peut apparaître dans les jours suivant le vêlage. Dans 50 % des cas, les vaches présentent une hyperthermie supérieure à 39,5°C. La non-délivrance aboutit à un retard d’involution utérine avec ou sans métrite, une baisse de l’appétit, un retard au retour de la cyclicité ovarienne et à la réussite de la future insémination. Parfois, la métrite aiguë peut mettre en danger la santé de l’animal.

 

  • Au niveau économique

La non-délivrance engendre une diminution de la production laitière (jusqu’à 40 %), une augmentation des frais vétérinaires (soins et gestion de la reproduction), une augmentation de l’intervalle entre vêlages, voire une réforme prématurée de l’animal.

 

Une surveillance de la vache à ne pas négliger  

Un consensus semble se dessiner depuis plusieurs années parmi les spécialistes du sujet : en l’absence de signes généraux graves, l’intérêt d’une délivrance manuelle est désormais controversé car cette dernière augmente le risque de métrite si l’acte est fait dans de mauvaises conditions d’hygiène (la zone d’intervention étant, malgré toutes les précautions prises, inévitablement souillée par des déjections) ou engendre, du fait des petites tractions, des lésions et/ou microhémorragies de la muqueuse utérine favorables à l’infection. On peut uniquement découper les tissus gênants à la sortie de la vulve pour éviter l’infection et attendre l’expulsion spontanée du placenta au bout de 5 à 7 jours. Toutefois, un suivi journalier de la température de la vache est indispensable.

 

Si une intervention est nécessaire, elle doit être réalisée par le vétérinaire. L’hygiène doit être une priorité : lavage et désinfection soignés de la vulve, lubrification, port de gants à usage unique. Le praticien jugera de la nécessité d’une antibioprévention voire d’un traitement hormonal ultérieur (prostaglandines) pour stimuler la vidange de l’utérus et ne pas compromettre la fécondité de la vache.

 

Dans tous les cas, un contrôle de l’involution et de la santé utérine (absence de métrite) sera effectué vers J30 après vêlage.

 

 

La non-délivrance est une pathologie à ne pas négliger. Une investigation au niveau du troupeau sera réalisée si la fréquence de cette pathologie devient trop importante (plus de 10 %).

 

Jean Michel CUMINET

Vétérinaire Conseil – Littoral Normand

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