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La lutte contre les mouches en élevage (2ème partie)

Actualité28/05/2020Bâtiment, Santé animaleBovins lait, Bovins viande

Pour maîtriser la population de mouches à un niveau acceptable, il faut agir le plus tôt possible sur le cycle de développement. Après le 1er axe de la lutte contre les mouches (la destruction précoce des larves et la limitation de leurs lieux de développement), voici les 2 derniers axes :

- la lutte contre les mouches adultes dans les bâtiments,

- et si besoin la lutte contre les adultes sur les animaux.

 

article diffusé la semaine dernière : cutt.ly/zyD9EaS

Deuxième axe : la gestion des mouches adultes dans les bâtiments

  • par une prévention précoce dans les bâtiments au printemps…

La lutte contre les mouches adultes débute dans les bâtiments par le « traitement » de   certaines surfaces avec un produit biocide homologué cette fois-ci adulticide : pulvériser préférentiellement les surfaces claires, lumineuses et à l’abri des courants d’air (tous les endroits où les mouches ont l'habitude de se poser), les cadres de portes   ou de   fenêtres. Il faut veiller à ne pas traiter les zones directement accessibles aux animaux. En salle de traite, privilégier les teintes « bleues ou vertes » qui éloignent les mouches (des teintes « jaunes, blanches ou orangées » semblent plus les attirer).

  • … complétée par différents moyens d’éloignement, de capture ou de destruction des mouches :

- les rideaux (par exemple des lames de plastique translucide) aux ouvertures du bâtiment pour limiter l’entrée des mouches ;

- les pièges odorants (type boîte ou sac à mouches) ;

- les pièges collants attrape-mouches : rubans, feuilles ou bandes de glue, ficelles engluées, etc.

- les appâts chimiques insecticides ;

- le ventilateur/brasseur d’air et le brumisateur en salle de traite ;

- les désinsectiseurs d’insectes électriques : lampes « grille-mouches » ;

- l’introduction possible d'insectes prédateurs naturels des mouches, appelés auxiliaires de lutte (par exemple la mini-guêpe Muscidifurax raptorellus ou la mouche du lisier Ophyra aenescens). Cette méthode de lutte est applicable en agriculture biologique, permet de moins avoir recourt aux produits chimiques et n’impacte pas les autres populations d’insectes, notamment les abeilles.

 

Troisième axe : La gestion des mouches adultes sur les animaux  

  • par des applications d’antiparasitaires vétérinaires

Finalement, les insecticides vétérinaires sur bovins contre les mouches ne représentent qu’une petite part des moyens qui existent pour lutter contre les mouches et ne servent qu’à détruire les mouches ayant échappé à la gestion précédente. Là aussi, pour ne pas se faire « dépasser », mieux vaut agir dès les premières mouches présentes. Différentes formes de produits existent. Ces molécules sont toutes soumises à prescription vétérinaire (ordonnance) et nécessitent la répétition des applications généralement toutes les 4 à 6 semaines selon la météo :

- les produits dit « Pour-on » qui se déposent sur la ligne du dos et sont prêts à l’emploi.

- les produits à diluer pour ensuite appliquer au pulvérisateur.

- les plaquettes insecticides auriculaires dont l’efficacité est d’environ 4 mois et peuvent avoir un intérêt certain contre le risque de kérato-conjonctivite (du fait de leur proximité avec les yeux) sur des animaux qu’on manipule rarement.

 

Attention, certains produits sont interdits ou avec délais lait sur vaches laitières, peu sont sans délai pour le lait : le choix de la meilleure solution est donc à réaliser obligatoirement avec votre vétérinaire.

  • par des méthodes complémentaires

Certaines molécules dites « complémentaires » issues des plantes permettent aussi de lutter contre les mouches. Si ces solutions sont moins radicales que les insecticides chimiques, elles peuvent toutefois apporter « un coup de pouce » naturel par exemple en agriculture biologique :

- le pyrèthre et le géraniol, huiles essentielles à effet répulsif incorporées dans différents produits prêts à l’emploi avec AMM. Attention, il est interdit de les utiliser pures sans prescription vétérinaire.

- les différentes spécialités à base d‘ail (molécule allicine) qui en modifiant l’odeur de l’animal a un effet répulsif. Veillez à utiliser des spécialités avec AMM qui ont été testées et dosées pour ne pas modifier aussi l’odeur du lait ou de la viande.

 

Limiter la lutte contre les mouches aux antiparasitaires appliqués sur les bovins est une erreur car cette étape n’est que l’ultime solution qui, si elle est faite seule, ne pourra pas être très efficace.

Rappelons qu’en amont, il faut agir très précocement en saison, d’abord sur les larves, puis sur les adultes dans les bâtiments.

S’agissant des produits insecticides, gardez toujours à l’esprit la protection des hommes : gants, combinaison, masque, lunettes et respect des notices d’utilisation.

 

Jean Michel CUMINET

Vétérinaire Conseil Littoral Normand

 

En complément : www.eleveurs-de-demain.com/actualites/detail-actualites/comment-gerer-les-mouches-au-printemps.html

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