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La fourbure, seule maladie du pied non infectieuse

Actualité07/11/2022Santé animaleBovins lait, Bovins viande

La fourbure est une des rares affections non infectieuses du pied. Elle engendre différentes lésions subaiguës ou chroniques du pied.

Une boiterie d’intensité variable

Aussi appelée pododermatite aseptique diffuse, la fourbure est due à une inflammation du pododerme, c’est-à-dire du tissu qui génère la corne, par perturbation de la circulation sanguine au niveau de ce tissu profond. C’est donc d’origine « métabolique » ; il n’y a pas d’infection.

Elle se caractérise dans sa forme subaiguë par une démarche sensible, une rougeur de la couronne. Les lésions observées sont une corne friable d’aspect crayeux, jaunâtre, puis infiltrée de sang (bleime), voire un ulcère de la sole, une cerise, ou une ouverture de la ligne blanche. Ces lésions de la corne ne sont généralement observées que 6 à 8 semaines après de début de l’évènement à l’origine de la fourbure.

Dans sa forme chronique, le sabot se déforme : la muraille devient concave, cerclée et la boîte cornée s’allonge (onglons « en ski »). Les onglons plus « porteurs » sont les plus douloureux : donc les onglons externes des postérieurs et les onglons internes des antérieurs.

L’intensité de la boiterie est variable : du piétinement, à la démarche sensible avec pieds écartés, et à la boiterie franche (en cas d’acidose aigüe).

Une pathologie multifactorielle

Les causes de cette pathologie sont multiples :

- l’amaigrissement excessif des vaches après vêlage à l’origine  d’une fonte du coussinet graisseux « amortisseur » sous le pied. Le pododerme est ainsi écrasé entre l’os de la 3ème phalange et la corne de la sole. Un ulcère à localisation typique peut apparaitre.

- un défaut de parage « en temps et en heure ». En fonction de différents facteurs, la pousse et l’usure de la corne peuvent être inégales à la surface de l’onglon. Il en résulte une modification de la portance avec pression anormale sur la sole de l’onglon externe postérieur qui, en réaction, pousse exagérément. Ainsi un cercle vicieux s’installe : pousse/plus, d’épaisseur/plus, de pression/plus, de pousse par réaction, etc. Le parage devient urgent !

(CF article sur la détection des vaches ayant besoin d’un parage -angle des onglons)

- un déséquilibre alimentaire : une transition alimentaire brutale entre ration de tarissement et ration post-sevrage, une subacidose chronique par excès d’énergie ou défaut d’azote et/ou fibres, une carence sévère en micronutriments (oligo-éléments et vitamine A).

- un habitat insuffisamment confortable : excès de marches dans le bâtiment, excès de pentes (exemple : fréquentation longue d’un parc d’attente en pente avant la traite), station debout prolongée (vaches coincées trop longtemps au cornadis), sols durs, inconfort des sols ou logettes, bétons neufs abrasifs.

- le stress et les infections de la « zone arrière » autour du vêlage : non délivrance, métrite, mammite, plaie vaginale, œdème mammaire suintant…

 

 Vous l’avez compris, la « bonne candidate à la fourbure » sera, par exemple, la génisse vêlée qui passe de l’aire paillée aux logettes, pour qui la transition prépa-vêlage a été courte, qui reçoit une ration assez concentrée et qui a mal délivré.
Un parage des pieds s’impose environ 6 semaines après vêlage !

 

Essentiellement du parage !

La prise en charge de la fourbure consiste à réaliser un parage fonctionnel et à soulager la douleur par une prescription adaptée de votre vétérinaire. Les cas sévères nécessitent de mettre l’animal sur une litière souple.

Il faut ensuite se poser la question des causes à l’origine de cette pathologie et corriger les facteurs de risque identifiés. Cela évitera d’éventuels nouveaux cas !

 

Jean-Michel CUMINET

Vétérinaire Conseil - Littoral Normand

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