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La dermatite digitée de Mortellaro

Actualité06/10/2022Santé animaleBovins lait, Bovins viande

Décrite pour la première fois en Italie en 1974 par le professeur Mortellaro, cette inflammation superficielle de la peau est très contagieuse et difficile à guérir. « Elle s’achète très facilement ! »

 

 

 

Une cause désormais majeure de boiteries en élevage !

La lésion caractéristique de la dermatite digitée est un ulcère de la peau, rouge vif (« framboise ») après nettoyage du pied, bordé d’un liseré blanc et de grands poils souvent sur la peau de la couronne en zone arrière ou avant. L’odeur de la lésion est nauséabonde.

Un stade cicatriciel avec hyperkératose s’en suit généralement. Mais la récidive de la lésion est malheureusement fréquente (30 à 50 % selon les auteurs). Des complications plus en profondeur des tissus existent et hypothèquent la rapidité de la guérison.

Les bactéries en cause sont notamment les spirochètes qui pénètrent dans la peau à la suite d’une « agression » de celle-ci ; un sol sale, humide et agressif favorise donc l’implantation. La boiterie est d’intensité variable.

 

Détection et gestion rapide des lésions !

Il faut se donner les moyens de détecter régulièrement les porteuses de lésions, sources de contamination pour les congénères. Les soins consistent surtout en un parage fonctionnel rigoureux afin de rétablir les aplombs et en un nettoyage soigné et une désinfectionlocale de la lésion. Différentes solutions en spray ou gel existent et doivent être répétées plusieurs fois pour « assécher » la lésion.Le recours à une antibiothérapie par voie générale n’apporte rien dans les cas gérés précocement ! Dans tous les cas, suivez les conseils de votre vétérinaire traitant ayant pris en charge l’animal boiteux.

 

Une désinfection collective pour ne pas « tourner en rond »

Si plus de 15 % des animaux sont atteints dans un troupeau, une désinfection collective de toutes les vaches doit être mise en place afin de juguler autant que possible les nouveaux cas (le temps de guérir les cas déclarés).

Différentes solutions sont envisageables : pédiluve liquide ou pulvérisation en salle de traite (a minima, 4 traites consécutives, 1 à 2 fois par mois), pédiluve à sec sur le parcours quotidien des animaux, mousse, etc. Dans tous les cas, les pieds doivent être propres avant ! Des essais d’implantation de flore lactique non pathogène sur les pattes sont prometteurs.

 

En parallèle, une maitrise indispensable de la prévention

Les bactéries responsables préférant l’anaérobiose et l’humidité, la prévention passe par :

  • Une amélioration de l’hygiène par des raclages fréquents, la maîtrise de l’humidité et un logement confortable ;
  • Un parage fonctionnel, 2 ou 3 fois par an, afin de rétablir les aplombs, limiter les micro-agressions et détecter les animaux porteurs ;
  • L’instauration d’un traitement préventif collectif, durant les mois de « confinement » en bâtiment, pour limiter la pression infectieuse : pédiluves ou pulvérisations ;
  • Ne pas introduire la maladie dans les rares élevages encore indemnes : éviter les achats, les retours de concours.

 

Les 6 commandements simultanés pour maitriser la dermatite digitée

Cette maladie est difficile à éradiquer. L’objectif est de revenir à un maximum de 5 % de porteuses en mettant en œuvre simultanément 6 principaux leviers d’action :

  1. Détecter précocement les animaux atteints par une inspection régulière (et pas uniquement ceux qui boitent). Cette détection nécessite des pieds propres !
  2. Apporter des soins précocement sur les lésions détectées, sources de contagion.
  3. Réaliser régulièrement un parage fonctionnel de l’ensemble (ou partie) des vaches afin de détecter, soigner et diminuer la pression infectieuse sur le troupeau, tout en rétablissant les aplombs.
  4. Procéder à une désinfection collective si plus de 15 % des animaux sont porteurs.
  5. Gérer les facteurs de risque environnementaux : saleté, zones humides.
  6. Intervention sur toute boiterie en moins de 48 heures.

                                                                                                         

Même s’il est quasiment impossible de s’en débarrasser, la maitrise de la dermatite est possible. Les éleveurs doivent cependant redoubler d’efforts et ne pas se décourager.

 

Jean-Michel CUMINET

Vétérinaire Conseil - Littoral Normand

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