Mot de passe oublié

La conduite des taries à l’automne : le pâturage seul suffit sous certaines conditions

Actualité01/10/2023Agriculture Biologique, Santé animale, Génisses, ReproductionBovins lait

Le pâturage d’automne des vaches taries sans aucune complémentation demeure de loin la pratique d’alimentation la plus répandue en système laitier bio. Et bon nombre d’élevages affirment ne pas rencontrer de problèmes métaboliques majeurs.

Rappelons tout d’abord les seuils d’alerte à partir desquels les pratiques alimentaires devraient être corrigées :

     > Plus de 10 % de rétentions placentaires sur les vaches sans jumeaux et vêlées à terme,

     > Plus de 15 % de fièvres vitulaires.

Les deux pathologies sont très liées au métabolisme du calcium.

 

A noter qu’une fièvre vitulaire exprimée dans un troupeau cache en moyenne 7 hypocalcémies subcliniques (Ferré et al ; 2015) : la vache est sur la tangente, sans tomber mais demeure plus sensible aux infections durant les premières semaines de lactation (non-délivrances, mammites, métrites...).

Dans les situations où ces seuils sont dépassés, il faudra alors corriger certaines pratiques ou mettre en place des adaptations telles que :

  • Eviter le pâturage des prairies les plus chargées en trèfle, pour éviter des apports de calcium trop conséquents,

  • Mettre son lot de taries dans des parcelles où l’herbe est la plus avancée, avec de la structure,

  • Faire consommer du foin (plutôt fibreux) au râtelier au champ, dans le cas de parcelles à herbe « tendre », 

  • Introduire les taries dans le troupeau laitier une dizaine de jours avant le vêlage,

  • Distribuer du chlorure de magnésium (80 g/VLT) environ trois semaines avant le vêlage sur un support céréales par exemple, afin d’inverser la BACA et permettre une mobilisation du calcium osseux plus aisée.

  • Apporter du minéral sur un support céréales si la flore constituant les prairies destinées aux taries est de trop mauvaise qualité.

Dans tous les cas, les besoins alimentaires moyens d’une tarie sont respectivement de :

  • 8 UFL
  • 750 à 800 g de PDI
  • 40 à 50 g de P
  • 60 à 80 g de Ca
  • 35 à 40 g de Mg

Ainsi, une vache qui ingère 12 kg de MS d’herbe de qualité moyenne (0,75 UFL / 85 g de PDI / 3,5 g de P / 6 g de Ca), couvrira aisément ses besoins alimentaires.

 

Pour conclure, c’est la capacité à modifier rapidement ses pratiques dans les cas où les pathologies métaboliques seraient hors des recommandations qui doit primer, en suspectant prioritairement l’alimentation avant le sanitaire.  

 

Pascal BISSON

Consultant Nutrition en Systèmes bio et herbager 

pascal.bisson@littoral-normand.fr

Contactez l'auteur

Certifications :