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La betterave dans les rations des vaches laitières

Actualité04/10/2022Fourrages, NutritionBovins lait

La betterave est un aliment distribué aux vaches laitières sous plusieurs formes. En fonction des régions et des systèmes d’alimentation où elle est utilisée, elle peut prendre une forme et une fonction différentes : fourrages d’appoint, complément énergétique, dilution de l’amidon du maïs… L’analyse de sa présence dans les constats d’alimentation relevés dans Res’Alim® permet de faire un état de son utilisation dans les différentes régions.

Sur les 13 500 élevages suivis 23% ont distribué au moins une fois de la betterave dans leur ration entre 2018 et 2021. 75% de ces élevages se concentrent dans les 3 zones colorées sur la carte (figure) : Grand Ouest, Est et Nord de la France. Ces localisations correspondent aux principales régions de culture de la betterave et les régions avoisinantes.

La betterave est majoritairement utilisée dans le Nord de la France (30% des cas). Elle est principalement distribuée sous forme de pulpe déshydratée et surpressée. Les utilisateurs sont essentiellement issus des systèmes d’alimentation « maïs dominant ».

On retrouve aussi la betterave, dans une moindre mesure (25% des cas), dans le quart ouest (Bretagne + Normandie). Dans cette zone elle est majoritairement présente sous forme de pulpes de betteraves surpressées ou déshydratées notamment en Normandie en raison de la proximité avec les zones de transformation des betteraves sucrières.

L’Est de la France (20% des cas), constitue la 3ème zone de présence importante. On la trouve principalement sous forme déshydratée (mélange de concentrés du commerce et pulpes sèche) mais aussi sous forme de betterave fourragère. Dans ces régions, on retrouve ces deux types d’aliments dans des systèmes « 100% herbager » ou « foin ».

Les mélanges de concentrés avec de la betterave sont distribués dans tous les systèmes.

Dans l’Ouest, les pulpes sèches sont utilisées dans des élevages qui ressemblent à ceux qui n’en distribuent pas (même taille 76 Vaches à un niveau de 8 450 kg/VL/an). Il semblerait que la pulpe, distribuée à hauteur de 1 kg/VL/j, vienne en compensation d’un moindre apport de fourrages (-1kg MS ensilage de maïs, - 0,5kg MS ensilage herbe). Ces élevages distribuent en revanche un peu plus de concentrés (+0,8 kg de concentré d’Equilibre et +0,5 kg de concentré Azoté) sans que l’on constate de différence sur le niveau de production laitière. Un léger effet sur les taux (+0,5 points TB et TP) est constaté qui ne doit pour autant pas compenser l’impact économique (Graphe).

 

 

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Les betteraves peuvent aussi être utilisées en pâturage

Emmanuel LETELLIER, éleveurs à Saint Philbert des Champs (14) livre le lait des 66 vaches de son troupeau, composé pour moitié de Normandes et pour moitié de Prim’Holstein, à une laiterie produisant du Pont l’Evêque AOP. Le niveau du troupeau est de 7 400 kg lait/VL/an (TB 42,0 – TP 34,1).

« Pendant 7 ans, j’ai proposé le pâturage de betteraves à mes vaches en automne et au début de l’hiver. Je n’en ai pas fait cette année suite à des difficultés d’implantation et à une bonne opportunité d’achat chez un voisin qui en cultive de grandes surfaces (20 €/t).

Les vaches pâturent la betterave sans difficultés car, comme le disent les anciens, « une vache qui ne mange pas de betteraves, c’est une vache malade ! ». Je réalise une petite transition de quelques jours, pendant lesquels je distribue les betteraves à l’auge pour qu’elles s’habituent. Ensuite, je propose un pâturage au fil, 3 m par vache sur 1 rang, d’août à décembre, en commençant par la zone la plus éloignée, ce qui permet lorsqu’il fait moins beau de disposer de surfaces plus proches.

L’impact sur la production est très positif notamment sur les taux. Je constate une augmentation de 1 point de TB et 1 point de TP en période de consommation de betteraves. La ration des vaches est plus sécurisée grâce à un apport de sucres. Il n’est plus nécessaire d’apporter de la mélasse ou de faire des cures ou des préventions au propylène. Je constate aussi une meilleure valorisation du maïs, surtout les années où il est un peu moins digestible. Je ne constate pas d’effet négatif sur la qualité du lait car il n’y a pas de fermentation. Enfin, d’autres effets sur l’état d’engraissement des vaches et sur la reproduction ne sont pas quantifiables mais sont bien réels.

Même si cette année, je n’ai pas maintenu le pâturage des betteraves, j’en ai maintenu la distribution sur l’hiver à hauteur de 8-9 kg brut pour conserver tous ces effets positifs. »

 

Etienne DOLIGEZ - Directeur Technique Adjoint

 

Res’alim® un observatoire de l’alimentation des vaches laitières françaises

Cette étude s’appuie sur les données de l’observatoire de l’alimentation des vaches laitières françaises, Res’alim®.  Issu des données des constats d’alimentation des exploitations suivies par le réseau Eliance® cette valorisation est réalisée par Vincent LEFER (Eliance), Etienne DOLIGEZ (Littoral Normand) et Julien JURQUET (Idele) et a reçu un soutien du CNIEL. Les données utilisées se situent entre 2018 et 2021. Sur cette période la base contient 330 000 constats d’alimentation récoltés dans 13 500 exploitations. L’étude complète est disponible sur le site d’ELIANCE : https://www.eliance.fr/documents/47

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