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Intérêts économiques du vêlage précoce chez les génisses laitières

Actualité12/12/2022

Il n’y a pas un âge au vêlage idéal des génisses : il faut toujours raisonner cet âge au vêlage en fonction des objectifs de l’éleveur et de la stratégie globale de chaque élevage (main d’œuvre, pâturages disponibles, recherche d’autonomie alimentaire -donc une bonne part « d’herbe », places en bâtiment, etc.). Néanmoins, faire vêler les génisses le plus tôt possible présente des avantages économiques, techniques et écologiques qui ont été développés dans de multiples études.

Cet article s'emploie à détailler les avantages économiques du vêlage précoce des génisses

 

Les objectifs de l’atelier génisses sont d’engendrer une génisse arrivant le plus vite possible en production, avec une carrière la plus longue possible ; ceci afin d’augmenter la part de vie productive et ainsi le lait produit par jour de vie.

 

Un vêlage « précoce », c’est quoi ?

Pour  la quasi-majorité des éleveurs interrogés, le repère « vêlage précoce » se situe entre 24 et 26 mois. Et pour une petite poignée d’éleveurs, le vêlage « précoce » se situe sans aucun problème à l’âge de 21-22 mois. Ceci tout en maintenant, voir améliorant, les performances techniques du troupeau.

Pourtant, force est de constater que l’âge moyen du 1er vêlage sur la zone Littoral Normand (toutes races confondues) se situe encore à plus de 31 mois ! Un âge de 24-26 mois en Prim’Holstein et 26-28 mois en Normande est  pourtant atteignable et économiquement rentable.

Tout au long de cet article, des comparaisons seront faites entre le vêlage précoce (VP) et le vêlage tardif (VT).

 

Une diminution du coût de renouvellement

Même s’il faut être prudent sur les comparaisons entre les élevages sur ce critère, il reste un élément indéniable : le coût de renouvellement est fortement corrélé au coût d’élevage des génisses. Abaisser l’âge au 1er vêlage, c’est avoir moins d’UGB présentes dans l’élevage pour le même taux de renouvellement. C’est avoir moins de capital « animal » immobilisé (UGB « improductifs »).

 

Une diminution du coût de production de la génisse

Cette diminution est la résultante d’une diminution de charges opérationnelles (coût alimentaire et frais d’élevage) et surtout des charges de structure. L’écart peut être de 500 € en moyenne entre le coût le moins élevé et celui le plus élevé (CF. Article de Romain LAROUELLE – 2021 – Combien me coûtent mes génisses ?). En moyenne, le gain par mois d’âge au vêlage gagné est estimé à 40 €.

 

Un impact relatif du coût alimentaire

Le coût alimentaire entre VP et VT peut être très proche. Néanmoins :

- Le VP est rendu possible par un bon démarrage de la génisse dans ses 6 premiers mois de vie : de ce fait le coût de la phase lactée et du concentré 1er âge n’est pas négligeable, et cette conduite est légèrement plus coûteuse qu’en VT durant cette phase 0-6 mois.

- En VT, la consommation de fourrage (et de concentré) sur la durée d’élevage augmentée génère un coût. Après 24 mois une génisse consomme plus de 10 Kg de MS par jour ; soit 1 à 4 € de coût alimentaire par jour de vie improductive supplémentaire.

- De plus, lors d’un VT avec sevrage tardif (coût de la phase lactée augmenté), ou une non-maitrise de la part de concentré et une consommation élevée de fourrages entre 12 mois et le vêlage (30-34 mois d’âge), le coût alimentaire peut s’envoler.

 

Une économie sur les frais d’élevage

notamment au niveau du besoin de paille pour les litières et de frais vétérinaires (prévention et traitements).

 

Une baisse significative des charges de structures

En effet, diminuer l’âge au vêlage de 9 mois revient à élever quasiment un lot de génisses en moins. Moins d’animaux, c’est potentiellement moins de frais de bâtiment (investissement et fonctionnement), de mécanisation, de foncier « pour génisse », d’eau, d’électricité, la rémunération des heures passées aux suivis des génisses, etc.

En moyenne, le gain de coût de production d’une génisse  par mois d’âge au vêlage gagné est estimé à 40 €.

 

Moins d’animaux présents, ce sont plusieurs économies

Une diminution du besoin de place en bâtiment et donc d’investissement

Abaisser l’âge au vêlage de 6 mois (30 à 24 mois) permet de réduire de 20 % les effectifs présents et le nombre de lots à élever. Rappelons que le coût d’investissement d’une place « génisse » en bâtiment nurserie est de l’ordre de 1 100 € (source ITEB).

 

Diminution du coût du travail et de l’astreinte autour des génisses sachant que l’élevage d’une génisse nécessite en moyenne 18 à 20 heures de travail.

 

Une économie de fourrages et pâtures destinés aux génisses à potentialiser

En effet l’économie de SFP entre le VP et le VT se chiffre à presque 4 tonnes de MS ingérées par an et par génisse (30 génisses alimentées au maïs ensilage toute l’année, c’est près de 8 ha de besoin en moins). Concernant l’herbe, on peut chiffrer cette économie à environs 30 ares par génisse et par an. Il ne faut pas que les hectares d’herbages présents sur l’exploitation soient une excuse pour l’âge au vêlage des génisses si tant est que ces prairies soient exploitables autrement qu’en herbe.

Cette libération de SFP « génisse » peut, par exemple, être valorisée pour la culture de céréales ou pour augmenter l’autonomie en fourrage sur le troupeau de vaches.

 

Abaisser l’âge au vêlage des génisses permet un retour sur investissement plus rapide. Entre un vêlage 24 mois et un vêlage 36 mois, le remboursement du coût d’élevage d’une génisse intervient au début ou en fin de la lactation n°2.

Jean-Michel CUMINET

Vétérinaire Conseil -  Référent génisses

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