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Faucher en mai pour se donner de la souplesse en été

Actualité24/05/2022Agriculture Biologique, Fourrages, PrairiesBovins lait, Bovins viande

La recherche d’autonomie par l’herbe et le pâturage prend tout son sens cette année avec l’augmentation des prix des matières premières. Tout ce qui peut être économisé à la saison se retrouvera en hiver, même si cette année les conditions climatiques ajoutent une part de complexité.

En conduite bio, disposer d’une surface de 40 ares/VL accessibles au printemps et de 50 à 60 ares/VL enété, permet d’assurer une production d’herbe suffisante dans n’importe quelles conditions. En année climatique normale, 40 ares/VL suffisent amplement, car avec une croissance moyenne de 70 kg MS/ha/jour comme on peut avoir dans notre région, on dispose déjà de 28 kg MS/VL par la pousse quotidienne.

Armez-vous de calculette !

Un exemple pratique des calculs à réaliser

On estime qu’avec une hauteur entrée à 12 cm et une hauteur sortie à 4,5 cm, le stock d’herbe disponible est de 1 875 kg MS/ha (densité de 250 kg MS/cm). Pour un troupeau de 50 vaches mangeant 17 kg MS/VL, on a besoin de 850 kg MS d’herbe par jour.

Calcul de la surface nécessaire par jour : 850 kg MS/j : 1 875 kg MS/ha = 45,3 ares par jour (le repère de 1 are/VL/jour est souvent utilisé)

En divisant la surface totale disponible au pâturage par la surface nécessaire par jour, on calcule le nombre des parcelles à découper, soit, dans notre cas, 55 parcelles en pâturage tournant dynamique à la journée. Le nombre de paddocks peut être réduit en faisant séjourner le troupeau plusieurs jours par parcelle. Il est donc évident que pour un retour potentiel sur parcelle entre 20 et 30 jours selon la croissance printanière, il y a trop de surface offerte. Afin de garder une qualité d’herbe pâturable (non épiée, 12 cm hauteur entrée), il faudra faucher entre 25 et 35 parcelles.

Etaler les fauches

Des fauches étalées dans le temps au printemps permettent de créer un décalage de hauteurs herbomètre. La gestion des repousses et l’introduction dans le circuit de pâturage de nouvelles parcelles est ainsi facilitée. Si les conditions climatiques du début d’été sont favorables à la pousse de l’herbe, il est même envisageable de faucher de nouvelles parcelles en juin/juillet. Cela évitera de broyer et permettra de faire du stock complémentaire sous forme de foin, principalement destiné aux génisses car feuillu, avec de bonnes valeurs alimentaires.

Organiser son parcellaire

Le pâturage tournant facilite les prises de décision, mais la multitude de clôtures complique le chantier. D’où l’importance d’avoir des clôtures « légères » facilement enlevables. L’outil HappyGrass facilite laplanification du parcellaire selon le choix de l’éleveur : 1, 2 ou 3 jours de présence. Il est préférable de ne pas aller au-delà des 3 jours. Au-delà des 3 jours, le surpâturage sur certaines zones devient trop pénalisant, nécessitant alors l’utilisation d’un fil arrière.

Faire du stock d’herbe sur pied

En été, si l’épiaison a été bien gérée par la fauche ou la pâture rase, il est possible de faire du Stock d’Herbe sur Pied et de rentrer à des hauteurs de 15 cm si la pluie ne s’annonce pas. Dans notre exemple, le délai de retour long, le nombre de parcelles conséquent et le temps de présence, permettront d’atteindre cet objectif. La forte présence de trèfle, soutenue par un pâturage ras pourvoyeur de lumière, facilitera la constitution de stock sur pied. Le trèfle préserve en effet une forte appétence ainsi qu’une bonne valeur alimentaire, même à un stade avancé.

La fauche à 6 cm d’une herbe d’une hauteur de 15 cm permet de récolter environ 2 t MS/ha (9 cm x 250 kg MS/cm soit, dans le cas présent : 20 à 30 t MS à l’échelle du parcellaire des VL).

Avec la pluie qui est tombée, il faut désormais faire le point, parcelle par parcelle, et décider maintenant, soit de :

  • Faucher les parcelles présentant une hauteur d’herbe supérieure à 13 cm. Ces parcelles se retrouveront d’ici un mois soit pour la pâture soit pour une nouvelle fauche.
  • Faire du stock sur pied dans les parcelles les mieux pourvues en trèfle si les stocks constitués sont suffisants. On évitera ainsi le recours à la mécanisation et aux intrants (notamment fioul et plastique), sans parler de la main-d’oeuvre.

Jean-François THOBY

Conseiller spécialisé AB et relais CAP2R

jeanfrancois.thoby@littoral-normand.fr

 06 33 32 84 91

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