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Eviter le tétage entre veaux

Actualité12/05/2023Génisses, Santé animaleBovins lait

Les génisses qui tètent leurs congénères représentent en moyenne 5 % du cheptel de renouvellement. Toutefois, ce chiffre est variable en fonction de certains éléments de conduite des animaux.

 

Le têtage entre veaux, puis génisses, est un inconvénient connu de bon nombre d’éleveurs, pour ne pas dire tous. Même s’il n’existe pas de solution « miracle », certains points de vigilance dans l’alimentation et la conduite des animaux peuvent réduire le risque.

 
Téter est un besoin naturel pour le veau

Le veau a un besoin physiologique de succion. Des veaux laissés sous leur mère satisferont dans son intégralité ce besoin. Ce ne sera pas le cas des veaux élevés avec un plan lacté pour lesquels le temps de succion journalier ne représente en moyenne que 20 % de son besoin naturel. Ce manque sera un peu réduit lors de l’utilisation d’un DAL

 

Des conséquences « fâcheuses »

Tout d’abord des conséquences physiques, avec une atteinte de la mamelle de la future vache laitière. Lors de leur premier vêlage, les primipares peuvent ainsi présenter des quartiers non fonctionnels ou moins productifs, des trayons et/ou sphincters abimés, des taux cellulaires élevés ou des mammites cliniques.

Ensuite des conséquences économiques, directement liées au potentiel laitier diminué et aux défauts de qualité du lait.

Enfin un temps de travail allongé, du stress et de l’insatisfaction pour l’éleveur.

 

Plusieurs mesures permettent de limiter ce risque
         >>> Satisfaire la faim et le besoin de succion dès les premières semaines de vie

                  - Le plan lacté doit couvrir les besoins des veaux. Un veau qui a faim aura tendance à téter ses congénères. Les recommandations sont a minima de 2 repas lactés de 3,5 litres (voire 4 litres) ou d’un repas lacté d’au moins 5,5 litres (voire 6 litres). Force est de constater que la quantité distribuée n’est pas toujours de cet ordre.

                  - Les tétines utilisées doivent être à débit lent afin d’augmenter le temps de succion et la salivation. Ainsi par ordre croissant d’évitement du risque de têtage, nous trouvons : la buvée au seau sans tétine, la buvée au seau avec tétine, la buvée au seau avec tétine à débit lent, puis la buvée au DAL avec tétine à débit lent (et repas séquencés).

                  - En complément, de la paille et du concentré doivent être à disposition dès la fin de la première semaine de vie, à volonté et renouvelés tous les jours. Ce sont les compléments indispensables au lait pour assouvir la faim.

                  - De l’eau doit être apportés en dehors des repas car le volume de lait n’est pas suffisant à couvrir les besoins d’abreuvement du veau.

                - Le logement individuel (niche ou case) doit être privilégié à la fois pour la maitrise du microbisme le temps de l’acquisition d’une immunité, mais aussi pour limiter le risque de succion. En cas de logement collectif, il faut bloquer les veaux aux cornadis environ 30 minutes après le repas.

 

         >>> Un sevrage tout en douceur, sans stress

                  - La diminution du lait doit être progressive, idéalement avec 2 paliers de régression de 5 à 7 jours chacun en divisant la quantité de lait distribuée par deux à chaque pallier : par exemple, passer de 2 X 4 litres à 2 X 2 litres pendant 5 jours, puis 1 X 2 litres pendant 5 jours). Ceci pour inciter le veau à trouver de plus en plus le complément de son alimentation dans le concentré et le fourrage ; sans risque de manque soudain au sevrage.

                  - Le tétage mutuel est aussi une façon pour le veau de réduire son stress. Il ne faut donc pas cumuler les stress au sevrage : ce n’est pas le moment de changer d’aliment, de lot, de bâtiment !

                  - Il faut rapidement séparer les duos de veaux téteurs

 

         >>> Un environnement attractif et enrichi de jouets pour occuper les veaux

                  - Un logement confortable : éviter la surdensité animale, un logement spacieux, bien paillé et lumineux, un accès à l’extérieur, une pierre de sel à lécher, des seaux d’oligo-éléments à lécher, de la musique… sont autant de moyens de prévention.

                  - Combattre l’ennui est aussi un moyen de limiter le tétage entre congénères. Installer des jouets faits-maison peut s’avérer très efficace et « bluffant ». Pauline Garcia, comportementaliste animalier, recommande l’ajout « d’objets insolites » dans l’environnement direct des veaux : des plots de chantier, des brosses, des bidons, des suspensions qui peuvent être mâchouillées sans crainte, etc.

 

La détection des veaux « téteurs » n’est pas toujours facile. Les conditions de conduite préventives sont donc essentielles. Même s’il n’est pas la panacée, un anneau anti-tête de qualité peut être une ultime solution, sans garantie absolue.

 

Jean-Michel CUMINET

Vétérinaire Conseil Littoral Normand

 

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