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En bio, comment alimenter ses taries en période estivale à la pâture ?

Actualité27/07/2020

Le cahier des charges Bio oblige les éleveurs à faire pâturer leurs animaux quand les conditions le permettent.

Les taries doivent donc avoir accès à des surfaces de pâturage y compris en période estivale, même s’il n’y a pas d’exigence de quantité d’herbe dans la ration.

Même si les niveaux de production en bio moins importants induisent des besoins alimentaires plus modestes, il n’en demeure pas moins que la période de préparation au vêlage reste la clé d’un futur début de lactation optimisé, mais également le gage d’une bonne santé des veaux.

 

Quelques précautions s’imposent donc dans la conduite des taries au pâturage. Tout d’abord, l’offre en fourrage doit être suffisante; des taries sous-alimentées à l’herbe subiront un amaigrissement excessif, pouvant générer non délivrances, veaux chétifs, et démarrages en lait poussifs. A contrario, des taries conduites dans des prairies où l’offre en herbe est abondante et de qualité auront des apports alimentaires excédentaires également préjudiciables (ex: reprise d’état facteur de non délivrances).

 

Le tableau ci-dessous illustre les apports au pâturage en situation d’offre à volonté, en comparaison aux recommandations (normes INRA 2018) :

 

On le voit, des taries à volonté au pâturage seront presque toujours en situation d’apports soit excédentaires, soit déficitaires suivant le stade et la flore des prairies. Le déficit sera bien sûr amplifié en situation de pousse ralentie ou stoppée. On voit aussi que le respect d’une BACA proche de zéro est impossible, et qu’elle est aggravée avec des légumineuses ou des fourrages jeunes. Si la couverture en minéraux majeurs est à peu près couverte, il n’en est pas de même pour les vitamines et oligo-éléments importants (en particulier le zinc, le manganèse, le cuivre, le cobalt, la vit E et surtout le sélénium).

 

Il importe donc  de tenter de gérer à minima les apports alimentaires, en priorisant les enjeux :

1.Tenter de s’approcher au plus près des recommandations UFL et PDI,

2.Corriger la BACA,

3.Complémenter en vitamines et oligo-éléments.

 

Pour respecter les apports énergie/azote, le rationnement en situation d’abondance d’un pâturage riche en valeur est impératif, afin de faire consommer un fourrage fibreux de type paille. Inciter les taries à consommer autour de 3 kg de paille avec du pâturage de qualité permettra de ramener les apports au niveau des recommandations.

Avec du pâturage avancé, une complémentation énergétique et azotée s’impose : l’apport de 2 Kg de mélo à 16 % de protéines dans la situation n°3 du tableau permet le respect des besoins.

 

 

Les bienfaits d’une correction de la BACA ne sont plus à prouver. Mais il est illusoire de vouloir corriger une BACA  très élevée, notamment en présence de légumineuses. Dans l’exemple RGA/TB, il faudrait apporter 700 g de chlorure de Mg pour espérer baisser la BACA à moins de 100. Le pâturage de prairies riches en légumineuses est donc à proscrire pour les taries.

 

Dans la situation 2, l’apport de 120 g de Chlorure de Mg permet d’abaisser la BACA à 160, constituant un compromis acceptable (appétence / recommandations).

La couverture en oligo-éléments peut s’envisager sous forme bolus lorsque la distribution de concentrés est absente, les apports P/Ca/Mg étant généralement couverts en situation de pâturage.

Dans tous les cas, l’investissement dans la période du tarissement sera toujours récompensé : des vaches avec une immunité boostée feront un meilleur colostrum pour des veaux qui démarreront mieux. Sans parler des performances de début de lactation qui seront améliorées. Regardons nos taries d’un peu plus près !

 

Pascal BISSON - Conseiller Agriculture Bio 

Littoral Normand

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