Mot de passe oublié

Distribuer de l’ensilage de maïs bien conservé pour une meilleure efficacité alimentaire

Actualité25/08/2020

L’ensilage de maïs prend une place de plus en plus importante dans une majorité d’élevages. Pour valoriser au mieux son fort potentiel énergétique, il convient d’atteindre une qualité de conservation irréprochable du fourrage distribué.

Limiter les pertes de matière représente un enjeu économique important pour vos exploitations.

 

Toutefois, certaines sont incompressibles :

  • pertes au champ.
  • glucides solubles transformés par les bactéries lors du processus de fermentation du silo.
  • pertes au front d’attaque.

Pour l’ensilage de maïs, ces pertes incompressibles sont de l’ordre de 7 à 8 % soit le delta entre la matière sèche du maïs sur pied et la part restante distribuée aux animaux. En revanche, s’il y a des insuffisances dans les pratiques, les pertes peuvent s’envoler :

  • durée des fermentations au silo allongées si tassage insuffisant
  • défaut d’herméticité en périphérie
  • gestion du front d’attaque

Elles pourront alors monter jusqu’à 15 voire 20%. Pour un hectare de maïs dont le prix de revient est estimé à 1 200 €, passer de 7 à 15% de pertes au silo revient à perdre 100 € /ha, à multiplier par le nombre d’hectares récoltés (données EcoSilage).

De plus, une mauvaise conservation réduit la part de glucides fermentescibles très bien valorisés dans le rumen de la vache. La diminution de la valeur énergétique, le risque de développement des spores butyriques et des mycotoxines s’ajoutent aux pertes déjà évoquées.

Heureusement, il est possible d’anticiper pour adopter de bonnes pratiques.

Parmi les recommandations, la vitesse d’avancement du front d’attaque impacte fortement la qualité du fourrage distribué à l’auge. Il faut s’assurer d’un avancement de 10 à 15 cm par jour en hiver et de 20 à 25 cm en été pour maitriser les reprises de fermentations. La vérification est possible à l’aide d’un thermomètre : la température du front d’attaque 24h après désilage doit être au maximum de 5°C supérieure à celle de l’extérieur, et ce en tous points. Une température supérieure traduit une reprise de fermentation, et donc une perte d’UFL.

Le tableau ci-dessous illustre les hauteurs de silo objectifs pour respecter un avancement quotidien de 20 cm en fonction de la largeur du silo, du nombre de VL et de la quantité de matière sèche distribuée par jour. On constate donc que lorsque la ration est à majorité composée de pâture, la taille du front d’attaque doit être très faible pour assurer un avancement suffisant.

 

En conséquence, le silo doit être d’une longueur suffisante. Pour la période du 15 avril au 1er novembre, il faut 40 m de silo pour respecter un avancement de 20 cm/j sans comptabiliser le linéaire supplémentaire pour le report de stocks. Si vous projetez de réaliser de nouveaux silos, votre conseiller Littoral Normand dispose des outils nécessaires pour calculer les dimensions optimales.

 

Assurer un tassage suffisant (densité > 230 kg ms/m3) est bien sûr incontournable pour garantir la conservation du fourrage.

 En dehors d’une bonne organisation du chantier, les points à respecter sont :

  • Masse tassante sur le silo : on recommande 400 kg par tonne de MS entrante par heure. Avec une ensileuse qui récolte 3 ha à 15 T de MS/ha à l’heure, il faut donc 18 T sur le silo soit 3 tracteurs de 130 CV ou 2 tracteurs de 200 CV lestés.
  • Vitesse d’avancement des engins : il ne faudrait pas dépasser les 4 km/h sur le silo en réalisant des couches de 30 cm maxi, pour réussir à bien chasser l’air.

 

Le maïs est une plante riche en glucides solubles et à faible pouvoir tampon. Sa conservation est facile si les règles évoquées ci-dessus sont respectées. L’emploi d’un additif de conservation n’est pas justifié à l’exception de situations particulières comme un ensilage sec > 37% MS ou une vitesse d’avancement du front d’attaque insuffisante. Dans ce dernier cas, l’emploi d’une solution à base de bactéries lactiques hétérofermentaires type Lactobacillus buchneri sera bénéfique. Quoi qu’il en soit l’apport de conservateur ne peut en aucun cas pallier des insuffisances d’un chantier de récolte.

 

Edouard LAIGNEL et Serge MORAZIN

Conseillers Fourrages – Littoral Normand

Contactez l'auteur

Certifications :