Dans les années 70 un chercheur Italien, Dr Carlo Mortellaro, tire la sonnette. Fréquemment il tombait sur des lésions de Dermatite Interdigitée (fourchet) localisées sur des endroits atypiques. Des études montrèrent qu’il s’agissait bien d’une nouvelle maladie, le terme Dermatite Digitée ou Maladie de Mortellaro fût adopté.
De nos jours, des groupes de travail partout dans le monde mènent des études. Malgré tout des points demeurent encore sombres.
Etiologie
Les bactéries en cause sont : Treponema phadegenis, T. denticola, T. vincentii, entre autres…auxquelles s’ajoute une communauté complexe Staphylococcus spp, Streptococcus spp, Bactéroïdes spp, Corynébactérium spp,
L’étiologie constitue l’une des pièces manquantes du puzzle. A ce jour les lésions ne sont pas reproduites expérimentalement ce qui ne permet pas de décrypter les routes de propagation, la sensibilité aux agents antibiotiques ou antiseptiques, le développement de vaccins ou l’identification des réservoirs.
Stades de la maladie
5 stades de lésions sont identifiés :
- M1, lésion débutante en dessous de 2cm.
- M2, lésion ulcérative de 2cm et plus.
- M3, lésion revêtue d’une croûte noire, guérie.
- M4, lésion chronique
- M4-1, lésion chronique qui redémarre.
Types de vaches
Trois types de vaches sont établis par rapport à leur réponse immunitaire :
- Type I, ce sont des vaches qui ne développent jamais des lésions M2.
- Type II, des vaches qui souffrent d’une M2 une seule fois.
- Type III, des vaches récidivistes, pouvant souffrir des M2 à plusieurs reprises, même tous les 15 jours.
L’éradication de la Dermatite Digitée est impossible. L’objectif est d’atteindre un état gérable de la maladie, d’accepter de nouveaux cas toutes les semaines et de s’appuyer sur la détection et le traitement précoces.
Avec une bombe en salle de traite, une routine systématique et du personnel impliqué on peut guérir 70% des M2 (pas plus malheureusement). Pour les élevages en traite robotisée la bonne méthode est de lever les pieds suspects et d’appliquer des pansements.
Actuellement, des groupes de travail visent à équiper les salles et les robots de traite en systèmes d’intelligence artificielle pour mettre en évidence l’état de la maladie en temps réel.
En ce qui concerne la prévention, sont à préconiser des mesures de :
- biosécurité extérieure : attention à l’entrée d’animaux, d’équipements ou de visiteurs.
- biosécurité intérieure : attention à la surdensité, la qualité et l’entretien des aires de repos et d’exercice, la propreté des membres. Pratiquer un parage régulier et mettre en place des pédiluves.
Graphique – Comparaison de résultats dans un élevage 2019, pas de prévention, et 2020, avec pédiluve automatisé.
Les résultats d’un autre élevage avec pédiluve montrent un bon taux de guérison (M3). (Source Littoral Normand)
La conception des bâtiments doit évoluer pour héberger des animaux de plus en plus performants, en prévoyant leurs besoins en espace, hygiène, air frais, la mise en place d’un pédiluve 3,5 m de long, précédé d’un parc d’attente et l’intervention programmée d’un pédicure externe.
Le génotypage a mis en évidence un index de Résistance à la Maladie de Mortellaro.
Des apports de Zinc, Cuivre, Manganèse, Cobalt et Iode garantissent la qualité des téguments.
Une étude de 2019 chiffrait la dermatite à 50 €/vache affectée/an. La prévention est le moyen de lutte le plus efficace.
José GONZALO
Vétérinaire Pédicure Bovins – Littoral Normand
Pour aller plus loin :