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Construction d'un bâtiment : l’anticipation est la clé

Actualité10/02/2023Bâtiment, Santé animaleBovins lait, Bovins viande, Equins

Parmi les causes de perturbations sur les animaux, les courants électriques parasites représentent un élément fondamental à prendre en considération lors de la construction d’un bâtiment.

Les vaches sont 10 à 15 fois plus sensibles aux courants parasites que l’Homme, ce qui rend ces phénomènes imperceptibles par l’éleveur et demande de bien connaître les enjeux. Leur gestion est encore trop souvent mise de côté dans la phase de réflexion du projet alors qu’il est bien plus facile d’anticiper et d’adapter les plans plutôt que, par exemple, de casser une dalle béton pour y installer un câble conducteur et limiter les répercussions une fois les fondations construites. Leur impact est variable et dépend de plusieurs facteurs que nous allons décrire.

 

Courants parasites : de quoi parle-t-on ?

Il s'agit de courants électriques de faible tension dont la circulation n'est ni souhaitée ni maîtrisée, qui parcourent le sol et les structures métalliques et peuvent accidentellement traverser le corps d'un animal. Lorsque deux éléments avec des potentiels différents sont mis en contact, on crée alors un chemin que le courant n’a plus qu’à emprunter.

Ils peuvent provenir d’une mauvaise prise de terre, de l’absence d’une bonne mise à la terre d’un équipement, d’une clôture électrique ou de l’emplacement sur une veine d’eau souterraine d’onduleurs, d’un transformateur, d’un robot de traite… Les sources sont multiples et bien comprendre leur fonctionnement permet de s’en prémunir.

 

Une prise de terre bien réalisée, une clé de réussite !

Le rôle de la prise de terre est d’évacuer les courants de défaut de l’installation électrique. En élevage, la plus grande sensibilité des vaches aux courants parasites demande de réaliser une prise de terre bien plus conductrice que celle d’une installation domestique.

L’Institut de l’Elevage préconise une valeur inférieure ou égale à 18 Ohms (unité de résistance électrique) afin d’assurer un confort optimal des animaux. Pour les ateliers comportant des équipements avec variateurs de fréquence type robot de traite ou certains racleurs, on recherchera une valeur inférieure.

Sa qualité dépend de sa composition mais également de la nature du sol. Une même quantité de cuivre ne donne pas la même valeur de résistance selon que la prise de terre se trouve dans un sol à faible ou forte résistivité.

Outre ces deux facteurs, son emplacement joue un rôle majeur dans le risque de retour de courants. Elle doit être installée en zone neutre, c’est-à-dire en dehors d’une veine d’eau souterraine ou d’une faille secondaire. Le risque d’une implantation sur un de ces éléments est de transporter le courant électrique dans son élevage à travers le sol.

Pour éviter tout risque de couplage entre la prise de terre et d'autres installations externes à l'exploitation (risque de remontée de courant), il faut éviter d'implanter la terre à proximité d'une autre prise de terre, en particulier celle d'un transformateur Enedis, d'une ligne électrique, d'un relais de téléphonie mobile, d'un poste de clôture électrique, d'une ligne de chemin de fer électrifiée ou d'une installation électrique importante type photovoltaïque, méthanisation... La distance minimale à respecter est de 30 mètres.

Une prise de terre correcte évite ainsi de démarrer un projet avec un retour de courant dans l’installation de traite ou dans le bâtiment d’élevage, logettes, sol, abreuvoirs… et avec, par exemple, une mauvaise fréquentation au robot de traite, une baisse d’abreuvement et donc de production de lait, une montée de cellules somatiques, de mammites, des vaches qui rechignent à entrer en salle de traite…

Sa réalisation demande d’étudier le projet et l’exploitation dans leur globalité avec les projections futures et les évolutions possibles. La personnalisation des préconisations en fonction de la situation est donc indispensable.

 

Câbles, tranchées, réseaux, LEP… les choses à connaître

L’eau et l’électricité ne font pas bon ménage ! Dans les tranchées d’amenée des réseaux, canalisations et gaines électriques doivent respecter une distance de 50 cm minimum entre elles et être séparées par un matériau de remplissage de la tranchée peu conducteur comme du sable pour des longueurs inférieures à 100 m. Si le matériau de remplissage est plus conducteur ou si la longueur augmente, une distance minimale d’1m est impérative.

Lors de l’installation des gaines électriques dans les bâtiments, il est important de privilégier le passage des câbles dans des chemins de câbles mis à la terre pour capter le champ électrique qui les entoure. Il est également primordial de les écarter de toute canalisation d’eau pour éviter de charger l’eau en électricité et d’induire des répercussions dans l’abreuvement des vaches à l’arrivée.

De même que pour les chemins de câbles, la norme des installations électriques indique que toute masse métallique doit être reliée à la terre et que tous les éléments doivent former une liaison équipotentielle (LEP). Avant de couler le béton, il est impératif d’assurer une bonne continuité électrique entre les treillis métalliques et de ne pas se contenter de les ligaturer comme cela est recommandé pour une bonne réalisation d’un béton armé. Pour cela, trois techniques peuvent être employées : une connexion par pontet en laiton, la brasure au chalumeau et la soudure à l’arc électrique avec l’avantage pour les deux dernières d’assurer une très bonne conduction du courant sur le long terme. Une fois relié, un conducteur de cuivre assure la liaison de toutes les nappes de ferraillage à la terre.

Pour les logettes, c’est la même chose : elles doivent être connectées ensemble par un conducteur en cuivre installé dans un fourreau entre deux lots et relié à la terre.

 

La production d’électricité photovoltaïque en élevage : contradictoire ou possible ?

Avec le contexte géopolitique et économique actuel, le besoin de diminuer les charges et la recherche d’autonomie énergétique, les projets de centrales solaires se multiplient. Mais est-ce compatible avec l’élevage ? Il est légitime de se poser la question. Installer une toiture photovoltaïque sur son bâtiment d’élevage demande des garanties pour se prémunir des effets du courant électrique sur les animaux.

Etant donné les spécificités de ce type de projet, nous y consacrerons prochainement un article entier.

 

Réussir son projet

Avec ces quelques points de vigilance, nous vous invitons à étudier votre projet sous un regard différent. Un diagnostic électrique de l'installation et une étude géobiologique de l’exploitation permettent de faire un point sur l’existant et de mettre en place les conditions de réussite d’un projet. Nous insistons sur l'étude de chaque projet de manière individuelle pour apporter et adapter les solutions en fonction des élevages : choix des matériaux, emplacements de bâtiments d’élevage, implantation de production photovoltaïque, prises de terre, installation de robot de traite…

Parfois, il suffit de pas grand-chose. Chaque détail est important et, face aux courants parasites, l'anticipation est la clé !

 

Arnaud ABBADIE

Conseiller Electricité & Géobiologie – départements 14, 27, 76 et autres

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Yoann DURAND

Conseiller Electricité & Géobiologie – départements 14, 50, 61

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