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Connaissez-vous l'ehrlichiose ?

Actualité21/06/2023Santé animaleBovins lait, Bovins viande

L’ehrlichiose (ou Anaplasmose granulocytaire) est une maladie infectieuse transmise par les tiques régulièrement mise en évidence en France. Elle fut mise en évidence pour la première fois sur le territoire national dans les années 90.

Une maladie vectorielle

L’ehrlichiose est due à une bactérie (Anaplasma phagocytophilum) et n’est pas directement transmissible de bovin à bovin : une tique doit servir de vecteur d’un animal infecté à un animal sain. Elle concerne de nombreux vertébrés, notamment les chevreuils, cerfs, sangliers, renards, rongeurs… et l’Homme. La tique vectrice en France est Ixodes ricinus (tique « commune »).

L’ehrlichiose s’exprime lors de la période d’activité des tiques, historiquement d’avril à septembre, essentiellement sur des bovins au pâturage : zones bocagères, bordures de forêts, landes… Le réchauffement climatique modifie quelque peu la saisonnalité de la maladie (un certain « lissage » sur l’année des cas).

L’ehrlichiose semble être un peu plus présente en Bretagne et Pays de Loire, ainsi que dans la région Est (Alsace et Vosges).

 

Une atteinte de l’état général assez sévère

Après morsure par une tique infectée et incubation, l’animal présente un « syndrome grippal estival » avec hyperthermie marquée (41°C) et une chute sévère, brutale et durable de la production laitière (s’agissant de vaches laitières). Les autres symptômes sont : une toux sèche « d’été » avec des difficultés respiratoires, des avortements dans le dernier tiers de gestation, et un œdème des paturons est observé dans 10% des cas. Dans les élevages concernés, les pertes économiques peuvent donc être conséquentes, essentiellement liées à la baisse durable de la production laitière et aux avortements.

La plupart des animaux guérissent en une dizaine de jours. Mais chez la vache en pleine production laitière, la convalescence peut être plus longue et la lactation « écrêtée ». La localisation des bactéries dans les globules blancs (polynucléaires neutrophiles) provoque une baisse des défenses immunitaires et une sensibilité aux autres maladies et surinfections.

Le diagnostic fait appel au laboratoire avec un prélèvement sanguin.

 

L’inclure dans les recherches lors d’avortement suspects

Le diagnostic fait appel au laboratoire avec un prélèvement sanguin réalisé par votre vétérinaire qui suspectera cette pathologie au vu des circonstances et signes cliniques.  

Le bilan 2021 de l’Observatoire et suivi des causes d’avortements chez les ruminants conclut à l’implication de l’ehrlichiose dans 25,7 % des séries d’avortements investiguées en élevage.

 

Mieux vaut prévenir que guérir

La prévention fait appel à 3 principaux leviers :

-  la lutte contre les tiques :

           >>> en détruisant, autant que faire se peut, l’habitat des tiques par le débroussaillage.

           >>> en limitant le contact des bovins avec les zones de prédilection des tiques : par exemple la pose clôture pour limiter l’accès aux « hautes herbes », aux bordures des haies, taillis et bois.

           >>> et l'utilisation d'antiparasitaires externes sur les animaux sous prescription vétérinaire. Elle est possible notamment durant le tarissement afin d’éviter les avortements.

le développement d’une certaine immunité contre la maladie en plaçant les jeunes animaux (génisses non gestantes !) sur les prairies infectées dès leur première saison de pâturage. Les jeunes de moins d’un an expriment peu la maladie et acquièrent, après contamination, une certaine immunité protectrice. Celle-ci est cependant relativement courte (de l’ordre de 4 mois) et n’empêche pas les réinfestations.

- Afin d’éviter les avortements, il ne faut pas faire pâturer des vaches gestantes naïves, c’est-à-dire n’ayant eu aucun contact antérieur avec la bactérie, sur des prairies connues pour être à risque.

 

L'Homme peut également être contaminé par cette bactérie : c’est une zoonose. Toutefois l’incidence chez l’Homme, tout du moins en Europe, reste relativement faible tout comme la gravité de la maladie.

 

Jean Michel CUMINET

Vétérinaire Conseil Littoral Normand

 

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