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Comment valoriser le pâturage dès la sortie d’hiver?

Actualité23/02/2023Agriculture Biologique, Fourrages, PrairiesBovins lait, Bovins viande

Les conditions climatiques évoluent d’année en année et nous imposent une remise en question de nos pratiques en fin d’hiver concernant l’exploitation et la valorisation de l’herbe.

Les températures clémentes actuelles favorisent un maintien voire une pousse de l’herbe sur une période que nous considérions de repos jusqu’à présent. Le conseil d’avoir deux mois de repos minimum entre les périodes d’exploitation de l’herbe peuvent sûrement être encore appliquées à condition de ne pas laisser trop d’herbe sur pied qui perdrait de la valeur rapidement en début de printemps.

 

Anticiper la pousse rapide de l’herbe 

La portance du sol étant exceptionnelle en ce moment par le manque de pluie, il faut absolument sortir les animaux dans les parcelles où l’herbe est pâturable. Cela permettra de favoriser la repousse des graminées et des légumineuses grâce à la luminosité et de créer un décalage de hauteur entre parcelles, ce qui facilitera ensuite la maitrise des exploitations.

Les stocks hivernaux seront de plus préservés sur le moment mais, sans préjuger des conditions climatiques à venir, cette pratique a un inconvénient, celui de devoir maintenir un apport plus tardif de fourrage à l’auge le temps que le Stock d’Herbe Disponible se constitue. Il faut donc qu’il y ait un arrosage régulier favorisant la pousse d’herbe au printemps.

Des sommes de températures précoces

La somme de température au 21 février 2023 est de 315° sur le Sud Manche, 330° autour de Bayeux et 280° en Seine Maritime. Ces cumuls sont normalement atteints courant mars et marquent le « départ de la pousse » pour des prairies temporaires. Dans quelques jours, à ce rythme annoncé, le « départ de pousse » pour des prairies permanentes tardives sera atteint soit 400°.

Un tour de parcelles nécessaire 

Il est donc primordial de commencer à faire le tour des parcelles afin d’ajuster au mieux le circuit de pâturage à la réalité de chaque bloc de pâturage. Ce déprimage, qui n’en ait presque plus un, doit aussi permettre de valoriser l’herbe par la fauche au plus vite pour reconstituer les stocks mis à mal en 2022 et anticiper les besoins fourragers en 2023. En effet, si beaucoup de blocs arrivent à 8 cm de hauteur d’herbe herbomètre, il est préférable de laisser des parcelles de côté pour les ensiler rapidement et faire ainsi du stock d’ensilage d’herbe de qualité et avoir par la suite une herbe feuillue à pâturer. Attention effectivement à la montée en épi qui va être aussi précoce et compliquer l’exploitation de l’herbe si elle est mal gérée.

La taille des parcelles est en fonction de chacun, des contraintes et de la conduite recherchée. Entre 1 et 10 jours de présence, un juste milieu existe dans chaque exploitation. Une présence maximum de 4 jours semble être un bon compromis cependant. Un parcellaire d’une journée peut faciliter le travail et la maîtrise de la croissance aussi bien par la fauche que par le pâturage.

Cette réflexion peut être menée avec votre conseiller.

Toutes les préconisations passées prévalent encore

         >> Si la pluviométrie reste faible avec le maintien d’un temps sec à venir, il ne faut pas hésiter à mettre les vaches à l’herbe même si les températures sont basses. La vache ne craint pas le froid sec contrairement aux idées reçues. Par contre, une mise à l’herbe progressive s’impose pour assurer une bonne transition. Il faut aussi faire pâturer ras (sortie 4 cm) pour habituer les vaches et favoriser la lumière pour le trèfle.

         >> Dans un premier temps : 2 h par jour suffisent à une vache pour ingérer jusqu’à 4 kg de MS herbe. Un apport de magnésie, autorisé en bio, est possible si la complémentation minérale a été limitée dans l’hiver.

         >> Dès que le stock d'herbe dépasse les 200 Kg MS/VL, soit une douzaine de jours d'avance de pâturage, il ne faut pas hésiter à arrêter la distribution de fourrages conservés, surtout si la surface de pâturage disponible par vache atteint ou dépasse les 30 ares par vache.

Si les apports de fumure n’ont pas été faits à l’automne, il est possible de les faire maintenant. La valorisation du lisier 15 à 20 m3/ ha ou du fumier vieilli 10 à 15 T/ha sera bonne dès lors que l’activité microbienne du sol est présente. Ce qui est le cas dès mars. Prévoir un délai de retour de 3 semaines minimum.

Les génisses de 2ème année de pâture peuvent également sortir selon l’accès facile ou non des parcelles. Bien les surveiller surtout s’il n’y a pas possibilité de réaliser une transition de qualité. Un apport de foin en râtelier est préconisé dans ce cas à condition qu’il ne reste pas longtemps à disposition. Des blocs à lécher peuvent aussi être mis à disposition.

 

Dans toutes ces préconisations, rien de nouveau donc si ce n’est les dates très précoces. Le risque est fort de se laisser dépasser par l’herbe avec des températures et une humidité encore présente favorables à la croissance. Afin de préparer au mieux un pâturage de qualité et des fauches d’ensilage ou foin permettant de couvrir l’hiver prochain mais également la période estivale potentiellement sèche, il faut dès à présent exploiter, cultiver, valoriser l’herbe qui doit devenir une culture à part entière et être conduite comme telle.

 

Jean-François THOBY

Conseiller spécialisé AB et relais CAP2R

jeanfrancois.thoby@littoral-normand.fr

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