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#3- Autonomie protéique : des éleveurs témoignent

Témoignage07/12/2022Fourrages, Prairies, Technico-économique, NutritionBovins lait

Le projet Cap Protéine a pour objectif souverain de moins dépendre des protéines acheminées des pays tiers grâce à une meilleure valorisation des prairies, l’accroissement des surfaces en légumineuses et le maintien des surfaces en oléagineux.

 

Ainsi, environ 300 exploitations sur toute la France dont 120 fermes pilotes en bovin lait engagées depuis quelques années dans cette démarche d’autonomie en protéine, nous délivre leur parcours, les leviers utilisés et les résultats obtenus.

Dans ce cadre, nous vous présentons le témoignage de 3 éleveurs de Littoral Normand qui ont opté pour plus d’autonomie en protéine à l’échelle de leur exploitation.

 

GAEC DE LA VILLETTE (Annick, Philippe et Fabrice MENARD)

Des associations multi-espèces pour des récoltes de qualité toute l’année

 

Les objectifs de l’éleveur

            «- Diminuer l’achat de concentrés azotés.

             -  Stabiliser la part de maïs ensilage dans la ration.

             - Augmenter la part et la qualité de l’herbe par la fauche dans l’alimentation du troupeau.

             - Maximiser la valorisation des engrais organiques. »

L’exploitation en bref

           - Trois associés exploitants (Annick, Philippe et Fabrice MENARD)

           - 109 vaches (deux tiers Prim’Holstein et un tiers Normande) – 903 098 litres de lait produits par an soit 8 285 l par vache par an, à 44,3 g/l de TB et 35,0 g/l de TP.

           - 113 ha de SAU – 52 ha de cultures de vente et 61 ha de SFP.

           - Chargement : 2,80 UGB/ha de SFP

           - Parcellaire groupé hormis 23 ha situés à 27 kilomètres.

L’histoire : une évolution à l’échelle familiale

Depuis l’installation de Philippe en 1983 avec 15 hectares et 120 000 litres de lait, l’exploitation s’est agrandie au fur et à mesure avec les installations d’Annick (1995) et de Fabrice (2009).

Les projets se sont enchaînés au fil de leur carrière et, à chaque étape, il a fallu revoir le fonctionnement de l’exploitation pour anticiper l’avenir et assurer la transmission de l’exploitation aux enfants.

 

Autonomie protéique et impact de l’élevage : un chargement très élevé

         - Globalement, votre autonomie en MAT est de 47% pour 2,80 UGB/Ha SFP. Les troupeaux Prim’Holstein à Littoral Normand sont à 54% d’autonomie pour un chargement de 2,06 UGB/Ha SFP et les troupeaux axés sur le maïs ensilage (48% dans la SFP) sont à 41% d’autonomie pour un chargement de 2,26 UGB/Ha SFP.

         - Inversement, votre dépendance en MAT est de 53%. Cette dépendance est liée à 87% aux concentrés azotés (achat de 148 T/an) et à 12% au concentré de production (achat de 19T/an).

         - Le rapport de besoin entre vaches et génisses est cohérent étant donné que l’âge au 1er vêlage est bon (26 mois). Le système est plutôt autonome pour les génisses surtout au regard de l’âge au 1er vêlage. Le niveau d’autonomie est de 71% soit un bon résultat.

         - Pour les vaches, le niveau d’autonomie en protéine est de 40%. Ce taux d’autonomie est à 71g de MAT/litre acheté.

Les résultats économiques : des résultats favorables

            - Le produit lait représente 68% du produit total. Le prix d’équilibre est de 357€/KL pour un prix du lait à 406€/KL, soit une marge de sécurité de 49€/KL.

            - L’EBE/produit est de 36% soit 4 points au-dessus de la référence.

            - Les annuités/EBE à 50% (objectif <60%) sont à un niveau satisfaisant.

            - Il en découle une marge de sécurité (CAF) à 8% des produits ce qui est là aussi un bon résultat par rapport au repère de 5% recherché.

 

Les leviers mis en œuvre pour plus d’autonomie en protéine

Un mélange luzerne-Dactyle

Dans un souci d’autonomie en protéines, l’apport en MAT de la luzerne est un bon levier. Néanmoins, l’association au dactyle a été préférée par le GAEC de la Villette à un semis pur pour plusieurs critères :

Le premier étant d’augmenter les rendements des coupes.

Le second de limiter les désherbages du fait d’une bonne répartition de la biomasse sur la parcelle.

Pour obtenir des résultats concluants, la luzerne a été semée à 22 kg/ha et le dactyle à 6,4 kg/ha sur une surface de six hectares. La totalité des coupes (cinq en moyenne) se fait en ensilage pour faciliter la distribution aux laitières.

 

Les dérobées : des mélanges RGI/Vesce/Trèfles

Toujours pour augmenter la part de l’herbe dans la ration et assurer le chargement, le GAEC a choisi des mélanges de ray-grass italiens alternatifs (35 %) et non-alternatifs (15 %), de vesce velue (10 %) et commune (15 %) ainsi que du trèfle incarnat (15 %) et du trèfle de Micheli (10 %).

Avec une récolte à l’automne en ensilage ou bien en affouragement en vert, en plus de sécuriser les stocks, cela permet d’améliorer l’apport en protéines grâce au mélange composé de 50 % de légumineuses.

 

Une association RGH/Trèfle

La facilité d’implantation dans des sols filtrants et bien exposés permet un démarrage précoce de la pousse et une première fauche dès la fin mars.

L’objectif est de réaliser cinq coupes par an, dont une en foin. Généralement, la coupe de la deuxième quinzaine de mai est affourragée pour venir en appoint au pâturage. La complémentarité de cette association avec celle luzerne/dactyle favorise toujours la production d’herbe.

 

Le pâturage et l’affouragement en vert

Installation d’associations ray-grass anglais/trèfle pour une durée de cinq ans avec des variétés à épiaisons tardives et résistantes à la rouille.

Le pâturage débute à la mi-mars avec un système tournant d’une durée de cinq jours par parcelle.

L’affouragement permet de récolter à un stade plus avancé que le stade pâturage tout en restant bien valorisé et consommé à l’auge. Il permet également de profiter d’une bonne repousse pour le tour de pâturage suivant.

Fin janvier, les prairies reçoivent 40 m³ de lisier de bovin.

 

Le regard de  Denis HAMEL, conseiller à Littoral Normand

La démarche du GAEC de la Villette est intéressante car la mise en place de luzerne/dactyle, de ray-grass hybride/trèfle et de dérobées avec 50 % de légumineuses leur permet d’augmenter la part de l’herbe dans l’alimentation du troupeau et de distribuer des fourrages riches en protéines toute l’année. L’affouragement en vert permet de récolter ces fourrages au bon stade. Valable également pour l’association ray-grass anglais/trèfle blanc qui est essentiellement pâturée et qui peut être aussi affouragée en vert, lorsque le stade de pâturage est dépassé.

La recherche de la qualité optimale des fourrages récoltés que ce soit en pâturage, en affouragement en vert ou en ensilage est essentielle et fait partie des priorités des associés. Ils sont très attentifs aux stades de récolte et réalisent des analyses de fourrages très régulièrement. 

Cette démarche réfléchie et mise en place depuis l’installation de Fabrice répond bien à leurs objectifs. 

 

 

 

 

 

Pour en savoir plus sur le programme national Cap Protéines : www.cap-proteines-elevage.fr

 

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