Les méteils jouent un rôle central dans l’autonomie protéique et la cohérence agronomique des systèmes d’élevage et de polyculture-élevage biologiques en Normandie. Une enquête auprès des éleveurs en AB, réalisée en décembre 2024, a permis d’analyser les pratiques et performances des méteils en Normandie.
Des méteils au cœur de l’autonomie protéique
Cette quatrième année d’étude poursuit un objectif identique : approfondir la connaissance des pratiques culturales liées aux méteils et évaluer leurs performances.
Nous poursuivons ce travail de collecte afin d’enrichir les références existantes, notamment celles issues des essais régionaux tels que le programme Reine Mathilde[1]. Une collecte élargie sur plusieurs campagnes permettra une meilleure évaluation de la stabilité des rendements des différents mélanges et l’identification des associations les plus fiables.
Cette année les conditions météorologiques difficiles de l’automne ont réduit le nombre de parcelles bio semées en méteil grain. L’enquête a permis de recueillir les données de 45 fermes : 10 dans le Calvados, 2 dans l’Eure, 20 dans la Manche et 13 en Seine-Maritime. Cela correspond à 44 parcelles de méteils récoltées en grain (soit 404 hectares), beaucoup moins que d’habitude, et à 24 parcelles récoltées en fauche (soit 203 hectares).
[1] Pour l’ensemble des résultats Reine Mathilde https://idele.fr/fileadmin/medias/Documents/Reine_Mathilde/Bilan_du_programme/ab-rm-synthese-essais-2011-2018.pdf
Une diversité d’associations
Les méteils grain restent dominés par le triticale, présent dans deux tiers des cas. Parmi les 44 parcelles analysées, 23 mélanges différents ont été identifiés. Les associations les plus courantes sont :
- Orge-pois (1 parcelle sur 7),
- Triticale-pois (1 sur 9),
- Triticale-avoine-pois (1 sur 7).
Changement notable cette année : la baisse de la fréquence du pois, remplacé par l’avoine et la féverole.
Du côté des méteils fourragers (24 parcelles, 18 compositions différentes), la vesce s’impose en tête, présente dans plus d’un méteil sur deux. 33 % des mélanges ont été semés au printemps. L’ensilage reste la principale méthode de récolte (62 %), suivi de l’enrubannage (27 %).
Rendements : quelles performances en 2024 ?
Cette année a été moyenne en termes de rendement, tant pour la récolte en grain qu’en fourrage.
Méteil grain
Les résultats confirment que les méteils grains contenant un plus grand nombre d’espèces affichent un rendement supérieur. La combinaison triticale-pois reste la plus répandue, souvent enrichie en avoine. Toutefois, le gain de rendement habituellement observé avec ces associations a été plus modeste cette année.
Surprise : les parcelles à faible potentiel ont mieux performé pour la récolte en grain, contrairement aux années précédentes. Les apports organiques ont été mieux valorisés sur les parcelles à bon potentiel.
Méteil fourrage
Le rendement moyen tourne autour de 6,5 TMS/ha. Contrairement aux années précédentes, aucune tendance claire n’a été observée en fonction du nombre d’espèces associées.
Les associations à base d’avoine et de pois se distinguent avec un gain de près de 2 TMS/ha, confirmant leur intérêt. Les parcelles à faible potentiel ont mieux valorisé les apports organiques.
Rotation et précédent cultural : impact sur le rendement
52 % des méteils grains ont été semés après un maïs. Pour les méteils fourragers, les précédents sont plus variés (maïs, méteil, prairie temporaire). Une implantation après une prairie ou une céréale a permis d’obtenir un rendement supérieur de 1,5 TMS/ha.
Destination : un usage majoritairement laitier
Les méteils sont avant tout destinés à l’alimentation des vaches laitières. Cependant, les méteils grains sont aussi utilisés pour les veaux et génisses, grâce à leur valeur nutritionnelle adaptée aux jeunes animaux.
Conclusion : quelles préconisations pour les éleveurs ?
Malgré deux années difficiles pour l’implantation et la récolte des méteils, les éleveurs normands restent engagés dans cette pratique. Les tendances observées permettent d’affiner les recommandations :
- Nombre d’espèces : un méteil diversifié améliore le rendement, mais augmente la sensibilité à la sécheresse.
- Choix des espèces : le triticale-pois reste performant en grain, tandis que l’avoine-pois est plus adapté en fourrage.
- Apports organiques : ils sont déterminants, mais leur efficacité varie selon le potentiel des parcelles.
Avec un recul de quatre ans, il devient clair que les méteils sont une solution intéressante pour sécuriser la production fourragère et protéique des élevages bio en Normandie. Une stratégie d’implantation adaptée aux spécificités locales permettra d’en optimiser les bénéfices.
Maddalena MORETTI et Morgane FOUQUEMBERG
Maddalena MORETTI
Référent Chef Produit Fourrages et Agriculture Biologique